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09/10/2013

La vie à l'ICOD

De plus en plus de visites importantes pour ICOD.

Des écrivains canadiens (deux heures d’interview) Ils reviendront.

L’ancien évêque Primat anglican de l’Inde.

Un couple membre du cabinet ministériel de l’éducation venant nous offrir la possibilité d’ouvrir une école pour nos pensionnaires.

Kamruddin qui s’offre pour faire tourner chaque semaine un dispensaire homéopathique (il est champion dans ce domaine).

Une ONG de Kolkata nous proposant d’envoyer chaque mois un team différent pour s’ouvrir à l’Harmonie d’ICOD. Et que sais-je encore ?

Nous tournons bien actuellement, mais toujours sans professionnalisme. Lorsque je vois l’extraordinaire développement d’ABC, qui non seulement a pignon sur rue au Bengale mais est encore sollicité à Delhi pour que d’autres ONG prennent exemple sur lui, je me demande bien qu’est-ce qu’on bricole à ICOD ! Mais bien sûr, le but est différent. Nous travaillons pour l’avenir, nous creusons un sillon pour qu’un jour d’autres pussent suivre le pâle chemin mal tracé, mais qu’ils pourront transformés en autoroute d’Amour, d’Harmonie inter-religieuse, d’Harmonie écologique, de Fraternité universelle. Notre ICOD est utopique par excellence. ABC est le présent en marche.

 

Ce 23 septembre, ce fut une invitation peu commune au centre intellectuel de Kolkata, Salt Lake.

Je refuse souvent ces invitations culturelles parce que je n’en ai guère le temps d’une part, et d’autre part je ne connais pratiquement de l’immense culture bengalie que celle, néolithique, des villages. Mais nous n’avons pas pu nous en tiré si facilement cette fois.

Très curieusement, lors de notre pique-nique sur les plages de Bokkhali au Sundarbans en juin, un couple de touristes accosta Gopa pour se faire expliquer la raison de notre présence ici.

« Seuls les riches viennent sur ces lointaines plages, et nous voyons des handicapés bengalis jouer avec un adibassi âgé(Marcus) et un vieil américain poursuivre des fillettes dans leurs rondes endiablées. Et vous, qui n’avez plus vingt ans, tirer sur une corde avec une vingtaine de jeunes filles…Et mon mari m’a dit, on dirait que c’est une seule famille, mais avec des âges tout différents, car même des tous petits viennent se pelotonner contre les responsables. Et en plus, on entend hurler « Dadou, Dadou » à l’américain comme si il était leur propre grand-père, tandis que d’autres vous appellent désespérément en criant « Ma, Ma ! » comme si vous étiez leur maman ! »

Après les explications d’usage, qui les marquèrent profondément, ils sont déjà venus trois fois à ICOD. La jeune femme est directrice de cabinet du ministre de l’éducation, et le mari est directeur de je ne sais plus trop quoi. Si grand ont été leur étonnement sur ce qu’ils ont vu à ICOD qu’ils ont décidé de nous aider. Tout d’abord en nous proposant une école interne pour nos gosses, financée par le gouvernement, et ensuite en collectant des fonds chez leurs riches amis.

 C’est ainsi qu’ils ont organisés la soirée d’hier sur le thème : « Ondes artistiques » dans un des plus grands bâtiments publique de la mégapole.

Etaient présents sur le podium une douzaine des plus grands poètes et écrivains du Bengale, avec des chanteurs et acteurs célèbres, ainsi qu’un misérable petit travailleur social rural qui s’est vu offrir entre autre une superbe ardoise de pierre gravée et une étole d’honneur vraiment artistique, ainsi que...la distinction de parler le premier ! J’en ai bafouillé de surprise car ils m’avaient promis de respecter mon anonymat. Après avoir cité un proverbe bengali presque intraduisible (Khujte phiri, tobou-o toma-i)« J’ai cherché en revenant souvent en arrière, et malgré cela, je t’ai trouvé… ») Je ne suis pas un artiste, je ne suis qu’un campagnard, et je ne sais vraiment pas que vous dire…Je suis venu en Inde donner mon amour comme serviteur de tous, car Dieu aime tout le monde, et à mon immense étonnement, en quelques jours, j’ai reçu beaucoup d’amour moi-même. Et 10, 30, et 40 ans après, c’est encore la même chose ! Quelles merveilles que ces vaguelettes d’amitié d’amour qui se transmettent d’année en année provoquant d’étonnantes rondes d’ondes à la surface des cœurs»

J’ai continué en soulignant que beaucoup de travailleurs sociaux ne font pas mieux le travail que certains artistes de boulevard. Notre but n’est pas seulement d’aider, mais d’aimer, et de capter les ondes d’amour nécessaires pour nous permettre d’utiliser des nuances de compassion lorsqu’on parle à un enfant abandonné qui pleure, une maman qui a perdu son enfant, un vieillard qui s’est vu rejeté, une jeune épousée qui se découvre stérile, un jeune qui a perdu son travail, une famille dont le père doit subir une opération et qui ne peut nourrir ses enfants, une jeune fille qui vient de se faire abusée, une malade mentale enchaînée qui nous est amenée, une aveugle qui est aussi malade mentale, un orphelin ayant peur pour son avenir, un journalier qui ne trouve pas de travail, un ivrogne qui a besoin de se calmer, etc.…Nous avons parfois même besoin non seulement de tact, mais de moyens tactiles : toucher les doigts de l’autre, le visage d’un enfant, la tête chenue d’un vieillard, les cheveux d’une fillette, embrasser un bébé, étreindre un malade, voilà des moyens infaillibles pour trouver le chemin de leurs cœurs. Il nous faut arriver à capter l’Amour que Dieu a donné à tout être et à le faire vibrer pour que celui ou celle qui souffre comprenne qu‘il n’est ni seul ni inutile, mais qu’ensemble nous pourrons encore produire un chant d’amour agréablement chanté, rendre la pauvreté parfois plus belle puisqu’elle sait partager, et la misère si odieuse qu’il faudra absolument l’extirper sur le champ. Ainsi nous aussi pouvons devenir artistes et utiliser toutes les ondes de la création pour créer de la Bonté qui soit Beauté et sache rester Vérité. « Oui, finalement, je n’y avais jamais pensé, mais je suis tout comme vous…un artiste, mais expert en humanité »

Les dirigeants du spectacle ont alors avoués qu’ils n’avaient jamais pensé que des artistes existaient en dehors des …vrais artistes ! Cela les a tellement frappé qu’ils ont décidé de consacrer les bénéfices de la soirée pour ICOD et de refaire de semblables réunions dans le futur pour le même but. Il faudrait évidemment qu’ils puissent aller un peu plus dans les slums et les villages. Ils y découvriraient des artisans qui sont de véritables artistes, et dans tous les métiers. Sans compter les artistes des différents Maths (couvents) ou d’extraordinaires œuvres d’art se font, œuvres de mystiques, eux-mêmes parfois de vrais artistes…de Dieu. Je pense à François d’Assise et son génie hors-norme, précurseur de tant de chemins jamais alors empruntés.

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