04/05/2020
Le confinement en Inde
LE COVID EN INDE
Après avoir vu le reportage du magazine d’information de France 2 « Envoyé Spécial », montrant notamment comment la faim était plus importante que tout pour les enfants des slums qui continuaient de trier les décharges publiques pour trouver de quoi se nourrir ou quelques papiers ou plastiques à revendre pour quelques roupies, ainsi que pour les travailleurs vivant de leur commerce informel dans la rue, privés des ressources nécessaires pour survivre et condamnés à rejoindre leurs villages, vous avez manifesté très rapidement votre soutien pour que nous demandions à nos partenaires et amis indiens comment ils pouvaient à leur niveau apporter une aide aux populations locales de la région de Calcutta.
Nous avons ainsi pu envoyer rapidement une somme importante partagée entre ICOD et ASHA BHAVAN CENTRE qui ont l’habitude de gérer ces situations de détresse.
Dans sa dernière chronique, Gaston vous remercie pour cette action si utile et même nécessaire, et indique comment il compte utiliser ces dons pour les besoins les plus urgents des personnes vivant dans les villages isolés (familles dans le besoin absolu qui n'ont pas pu travailler depuis deux mois et n'ont aucune réserve).
Voici quelques extraits de sa dernière chronique dans laquelle il nous rappelle l’allocution de Pâques du Pape François-des-pauvres nous proposant « ‘la contagion de l’espérance ‘, la victoire du bien sur le mal qui n’enjambe pas la souffrance et la mort mais les traverse en ouvrant une route transformant le mal en bien ».
« Ainsi nous pouvons chanter avec le Psaume 15 : « Seigneur, je n’ai pas de plus grand bonheur que Toi et mon destin est dans tes mains. Le sort qui m’échoit est délicieux, le lot que j’ai reçu est le plus beau. Je te garde sans cesse Seigneur avec moi, je suis inébranlable. Aussi je me réjouis et mon âme exulte, car la JOIE abonde près de ta Face »
Je dois avouer que chaque créature, du simple fait qu’elle existe, éveille en moi un émerveillement sans fin. J’éprouve en même temps l’inquiétude devant une beauté en sursis, au bord de l’évanouissement. Pendant combien de temps pourrons-nous encore jouir des êtres simples, arbres, plantes et animaux qui ont toujours entouré les hommes ? Rien ne sera comme avant : saurons-nous rendre le monde plus humain et à la nature son intégrité, demain, après le coronavirus ? Déjà ce mois, le ciel est plus clair, la pollution diminue, les oiseaux chantent, l’eau du Gange devient buvable avant Bénarès etc.
« Est-il bon ce monde d’hyperconsommation et d’hyper connectivité qu’on nous avait donné pour inéluctable – fatal, plutôt –, où l’on ne respirait plus, se logeait à l’étroit, polluait la planète, exploitait les plus pauvres, dévastait la biodiversité, épuisait les ressources… ? Voilà que le virus nous signale que le modèle est exécrable, qu’il faut regagner en souveraineté, garder la maîtrise de ce qui nous est indispensable, et revenir à l’indispensable justement, contre le gâchis généralisé. Soudain le programme – nous réformer de fond en comble – serait presque enthousiasmant »
Allons, allons, je sais qu’on souhaitait de moi quelques affreuses descriptions indiennes de misère. Et croyez-moi, elles abondent. Mis j’ai préféré suivre le vol enchanteur d’une abeille au cœur d’un hibiscus à une nouvelle et froide statistique. Et puis après tout, nous ne sommes ni dans les
tranchées de Verdun, là où Teilhard de Chardin s’enthousiasmait de la grandeur et beauté géologique de Dieu entre des milliers d’obus ; ni dans les rues-mouroir de Calcutta où Mère Teresa exultait de joie divine en portant des squelettes vivants ; pas plus que dans les camps de concentration où Etty Hillesum chantait son espérance coincée dans un baraquement–porcherie de cent internés, où elle estimait, juste avant de sauter dans le train d’Auschwitz, « comment un courant lumineux de Bonté invisible irrigue le monde aussi virulent soit le mal » Et elle se laissait porter avec confiance et gratitude, alors même qu’elle ne se faisait aucune illusion que sa fin tragique l’attendait. « Je reste où le destin m’a mise, et admire sans fin quelques tulipes et le si radieux et tendre jasmin au milieu de cette boue, même si sous peu je serai dévorée par les poux en Pologne. Je porte en moi tous les paysages, j’ai tout l’espace voulu ».
Acceptons donc que plus la situation est humainement désespérante, plus grande est la nécessité d’ouvrir son cœur à la nature et au divin pour être et rester plus disponible pour les pauvres.
Et ce Vendredi Saint, François-des-pauvres nous propose de «ralentir un certain rythme de consommation et de production, et d’apprendre à comprendre et contempler la nature, ce qui nous aidera à nous reconnecter à notre environnement réel qui nous offre une opportunité de conversion » Car, nous affirme-t-il, « Celui qui a pleuré sur la mort de Lazare pleure aujourd’hui le fléau qui est tombé sur l’humanité… » Non pas sur les tenants de la société hypervirtualisée et désincarnée, mais sur la chair souffrante de ceux qui souffrent, riches ou pauvres confondus » Laissons la lumière divine nous immerger comme une goutte d’eau dans l’océan, comme une étoile dans l’immensité du ciel, comme le poisson dans la mer, ou le bulbul-rossignol en ce printemps de rêve, ou encore mieux, comme ce foetus de huit mois riant et battant d’allégresse mains et pieds au contact de sa maman pourtant encore inconnue ! C’est cela même l’amour de la Vie. Et dans une vraie communion de contemplation, nous comprendrons – peut-être, enfin – la Plénitude de Dieu contenue dans nos propre fêlures et failles, qu’elles soient du corps, de l’esprit, du coeur voire de l’âme, et dont le Covid 19 n’est qu’une simple manifestation. Une conversion en vérité. Et nous qui craignons avant tout pour nos situations économiques, nous réalisons – réaliserons-nous ? – qu’une fois de plus, c’est la nature, donc Dieu, qui est notre Guide Suprême, et que cette pandémie n’est qu’une occasion, une de plus, de changer notre vision ! Et de nous convertir à la seule chose qui vaille vraiment la peine, « se donner soi-même pour mieux servir les autres. »
Mais quelle est la réponse chrétienne à cette ‘damnation’ ?
Il y en a plusieurs, mais je choisis celle du P. Joseph Wresinski, qui en connaisseur, nous avait dit il y a si longtemps :
« La misère ne se guérit pas par quelques dons, si ce n’est le don de soi. La charité, c’est quand on n’a plus rien et qu’on donne quand même. La charité, c’est quand on n’a plus rien à donner et que Jésus dit : “Donne ton coeur” ! La charité n’est pas l’aumône mais l’amour de Dieu. Si nous perdons contact avec les plus pauvres avec lesquels Dieu s’est identifié, nous perdons tout » Nous et nos pays. Donc il y a une solution : « Nous réformer de fond en comble en partageant notre coeur, puis notre pactole »
« La furie du virus illustre la folie des guerres » (Gutterez)
« Que s’arrêtent la production et le commerce des armes, parce que c’est de pain et non de fusils que nous avons besoin. (François) »
09:21 Publié dans 1 - Vie de l'Association | Lien permanent | Commentaires (0)
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