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03/05/2016

Une erreur judiciaire qui se termine bien.

Je connais Mukul depuis près de 25 ans.

C'est un musulman du coin qui a fait partie de notre premier Comité d'ICOD en 2004. Quand il était jeune, il s'était attaché à mon idéal et avait toujours rêvé de fonder une ONG. Lettré, Intelligent, généreux mais querelleur presque involontaire, je voulais le laisser mûrir avant de lui proposer quelque chose. Deux ans dans notre Comité lui suffisent pour nous quitter et fonder une petite ONG au nom fort compliqué avec ambitions de devenir une association multi religieuse. Il se lança avec fougue dans notre CIPODA (Centre interreligieux d'ONG de développement). Il s'y fit, par son dynamisme, un tas d'amis, et quand même un nombre petit, mais impressionnant, d'ennemis. Je sais comment se faire des amis, mais je n'ai encore jamais compris comment on peut se 'faire des ennemis'. Je n'ai certes aucun ennemi, mais je sais que certains se considèrent comme mes ennemis. Curieux, et bien dommage pour eux!

Pour revenir à Mukul, il a ainsi lancé plusieurs petits projets  dans notre secteur, que nos amis d'AVTM Paris ont acceptés de financer, vu l'exceptionnel bas coût. La plupart du temps, quelqu'un qui demande de l'aide à l'étranger propose des sommes fantastiques...Mais toujours il s'est contenté de ses projets. Jusqu'au jour où il a épousé, un peu sur le tard, Nasima, une géniale musulmane, étudiante encore à près de trente ans, et cachant sous sa  'bourqua' noire qui la couvre des pieds à la tête  plus de diplômes dans tous les secteurs que la plupart de mes amis des ONG. Ultra généreuse, dynamique et enthousiaste, polyglotte apprenant même le français, elle me considère comme son Gourou et vient souvent me voir pour des conseils. Ce que j'ai bien de la peine à lui donner car elle me dépasse sur tout d'une bonne tête. Malheureusement et comme son mari, elle est plutôt du genre chicaneur et agace vite un certain nombre de personnes, surtout les femmes simples qui n'apprécient pas les "du-même-sexe" intellectuelles et verbeuses, et les hommes qui n'acceptent ni les femmes supérieures, ni les femmes tout court! Elle poursuit donc ses études à Mumbay.

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Un jour la voilà qui surgit échevelée comme une sorcière sous son voile noire mal ajusté, fulminant des menaces presque incohérentes contre ceux et celles qui avaient fait mettre son Mukul en prison, hurlant des invectives qui les enverrait dans un des sept enfers promis par le Coran. Après l'avoir calmée, on a pu comprendre que Mukul etait accusé d'avoir violer une jeune fille de sa courée et était interné sans pouvoir bénéficier d'une caution, le viol méritant depuis deux ans  d’une punition de prison de 10 ans ou même à vie, ou dans les cas les plus brutaux de pendaison. Elle a essayé de nous convaincre qu'il n'était coupable en rien, mais comme elle était absente depuis longtemps, je lui ai dit qu'on ne peut guère se prononcer sans en savoir plus.

Jamais durant les 436 jours qu'il a passé en prison, elle n'en n'a démordu: «Il est innocent, et il en sortira blanchi" Devant la situation judiciaire indienne que je connais bien, où des millions de cas ne seront traités que dans les 20 ou 30 prochaines années, je ne voyais pas comment cela pourrait se faire.

Bref, elle a remué ciel et terre, a déménagé seule sa maison, qui avait été presque vidée de tout par la vengeance de ses voisins, amenant à ICOD tout ce qui pouvait être encore utile, et, sans le sou, a finalement demandé à Gopa de lui faire un prêt pour qu'elle puisse au moins payer les quatre personnes qui travaillaient à l'association. Dans sa détresse absolue, on lui donna une bonne somme pour la dépanner elle-même, et un prêt pour couvrir les frais de son organisation, Mukul étant le seul à pouvoir retirer l'argent de la banque! Je ne sais comment elle a fait, mais elle s'est fort bien débrouillée. Avec sa langue bien pendue, son sourire permanent et son intelligence certaine, elle réussit à convaincre des avocats de l'aider gratuitement. N'ayant plus de logement, elle partit chez ses parents dans le district voisin de Midnapour et on n'entendit plus parler d'elle durant six mois. Je l'attendais avec quelque impatience, car je tenais à aller voir Mukul en prison. Elle nous avait dit qu'il y enseignait les convicts et qu'il était bien noté...

Et voilà que la semaine dernière, Nasima nous arrive toute excitée et rayonnante...cachant derrière la porte la surprise qu'elle tenait à nous faire! Et notre Mukul de faire son apparition comme un diable de sa boîte et nous embrassant chaudement, Gopa et moi, lui et elle, elle et moi! "Comment c'est possible,  tu as obtenu la caution?" - "Non, je suis libéré!" Je n'en revenais pas, car je n'avais jamais attendu un jugement, surtout d'un pareil cas, avant quelques années, Gopa elle-même trainant comme un boulet son accusation de vente de bébé depuis 4-5 ans...

Explications compliquées, car bien entendu, les deux parlaient à la fois et essayaient mutuellement de faire taire l'autre! Finalement, voici le fin mot de l'histoire: un des mullahs de leur courée, furieux que Mukul ait refusé d'y faire un puits collectif (j'y étais allé et l'avait déconseillé) a suggéré à une petite jeunette de 16 ans un peu simplette de porter plainte contre Mukul pour gestes obscènes contre elle. Le papa, probablement plus roué que simplet, l'accusa de viol ce que la fillette signa. En quelques heures dans ces cas, la police arrête le coupable et...il n'y a plus rien à faire qu'à attendre un jugement en priant pour qu'il soit délivré avant le Jugement dernier, le judiciaire indien ayant à juger 33 millions (sic) de cas en retard!

Mais c'était sans compter avec notre Nasima qui adorait son mari. Elle fit comme le rat de La Fontaine pour le lion empêtré dans ses rets..."et fit tant par ses dents qu'une maille grignotée emporta tout l'ouvrage" La fille ayant maintenant 18 ans, sous les assauts de Nasima, finit par avouer qu'elle ne savait pas ce que c'était qu'un viol, et que le Mullah voisin lui avait dit de porter plainte comme cela. Elle ne savait rien de plus et ne comprenait pas que l'Oncle Mukul ait disparut depuis près de deux ans! Comment, avec cette rétractation, Nasima réussit à convaincre la police d'intervenir, l'avocat d'être convaincu et le juge de  libérer le coupable innocent est encore pour moi un mystère, des centaines de milliers de prisonniers attendant encore après dix ans d'apercevoir la toque d'un juge! Mais le fait est qu'il est libre aujourd'hui, qu'il clame que ce temps de prison est la plus grande chance de sa vie car il va maintenant se dévouer pour les plus pauvres, qu'il a enfin la preuve qu'Allah n'abandonne jamais les innocents, et que le prophète Issa (Jésus) du Gourou du Dayanand Dada a plus de pouvoir qu'il n'avait cru lire dans le Coran. Tout était donc bien qui finit bien  puisque la conversion à la Miséricorde d'Allah les poussait tous deux a encore plus de compassion pour les autres! À ma grande joie également, on pourra le comprendre!


4000 enfants sortis de la misère et du désespoir par quelques ONG

 Le 14, Poyla Boishakh, premier jour du Nouvel An bengali 1423, nous avons été invités avec 50 gars et filles pour participer à la Basanti Pûjâ géante (Offrande du printemps) près de la frontière du Bangladesh. ABC nous avait prêté un minibus et nous sommes partis avec deux bus à 7 heures du matin. 250 km et cinq heures plus tard, nous sommes entrés, déjà complètement crevés dans une immense "shamania", mot anglicisé pour désigner un grand chapiteau comme les empereurs moghols en érigeaient, pour abriter 4000 enfants, tous orphelins ou handicapés et venant la plupart des quatre coins de la métropole (en dehors de nous). "HOPE-Espoir", l'organisation qui nous aide en nous payant trois professionnels et en nous ayant envoyé 16 jeunes des rues, gars et filles, avait organisé cette  gigantesque rencontre entre une dizaine d'ONG.

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Jamais de ma vie je n'avais vu tant d'enfants ayant chacun souffert dix fois plus que la plupart d'entre nous y compris moi-même ne souffriront jamais. Mais que de sourires, de rires, d'allégresse et de joie transformant cette superbe structure un véritable Thabor, cette montagne où Jésus-Christ s'était transfiguré en une image divine si éclatante que Pierre avait dit: "Montons-ici trois tentes", comme cette tente pleine de gosses des rues n'ayant pour la plupart jamais connu l'amour, entourés de dizaines de travailleuses sociales dévouées et attentives,  filles entre 20 et trente ans, mais certaines bien plus encore.

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D'autres dizaines de serviteurs volontaires , jeunes adultes ou pères de familles de tous âges cette fois, noria humaine et souriante, apportaient sans relâche, eau sucrée pour combattre l'intense chaleur, bouteilles d'eau minérale à gogo, mouchoirs mouillés pour le gosse qui ne se sentait pas bien, repas gargantuesque organisé magistralement, les chaise nécessaire pour des personnes âgées (j'en ai fait partie), l'accompagnement aux toilettes car chaque responsable devait veiller sur son propre troupeau sans pouvoir s'en éloigner trop, bref, tout service qu'ils pouvaient rendre. Ils ont trouvés même le temps pour envoyer par deux fois un de ces volontaires vers moi pour me demander si j'acceptais de parler avec telle famille ou tel groupe qui tenait à me serrer la main et recevoir une bénédiction eu égard à mes soi-disant prestations exceptionnelles a la TV. Il a fallu s'exécuter et le nombre de mes fans s'est ainsi augmenté.

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Toujours sans que je en comprenne vraiment pourquoi. La famille qui avait organisé cette Pûjâ démesurée a envoyé deux de ses belles-filles exhibant des superbes bijoux d'or anciens, tout comme leurs grandes filles, tous portant habits et ornements requis pour le premier de l'an. Elles étaient venues transmettre à Gopa le vœu de leurs beaux-parents qu'elle n'hésite pas à leur écrire et qu'ils enverront tout  - "absolument tout" ont-ils insisté- ce qui est nécessaire à votre fondateur. Tout ce qu'il demandera pour lui ou les autres lui sera envoyé" Gopa ne savait que répondre devant cette générosité d'une famille hyper-riche. Et encore maintenant, j'ignore ce que je pourrais demander  s'ils nous relançaient. Leur libéralité est bien sûr allée plus loin, puisqu'ils ont habillés notre 4000 enfants avec la "tenue du printemps", de beaux habits jaunes que chacun et chacune a dû revêtir. Il parait que les festivités ont duré les quatre jours coutumiers qu'ils ont nourri le village entier, et que le coût a dépassé les 50.000 euros. Autant j'ai été heureux que tant d'enfants soient bénéficiaires de cette largesse, autant je ne peux pas accepter qu'une telle somme soit "gaspillée" pour quelque Divinité que ce soit, (même Dieu en certaines fêtes au Vatican!) Durant les grandes Dourga Poujas d'Octobre, ce sont des millions d'Euros qui sont utilisés, parfois pour un seul petit quartier! Et des milliards pour l'ensemble des 5000 statues géantes de Kolkata. Et les pauvres ne sont pas les derniers à contribuer! Pas étonnant que les riches du  Bengale soient de loin les plus pingres en Inde  pour aider les ONG qui servent les  nécessiteux! Leur argent va à Dieu...et aux élections. Ils oublient que Dieu vit  dans les pauvres en priorité et que ces derniers sont un des moindres soucis des politiciens.