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01/07/2016

Nouvelle réussite pour ABC

Extrait d'une des dernières chroniques de Gaston.

 

ABC, dynamisé par la reprise de l'aide de Dominique Didi, est venu me montrer triomphalement le Certificat du Conseil National de Réhabilitation l'acceptant comme membre actif, et lui donnant la permission d'ouvrir un cour universitaire avec Degré reconnu par l'Etat "d'Education spéciale" (D.Ed.Spl.Ed.MR) durant deux ans.

C'est justement le type de professionnel dont nous-mêmes avons le plus besoin. Cela équivaut à un Diplôme d'Etat français (comme j'ai eu celui d'infirmier)

C'est le premier centre d'Howrah (5 millions d'habitants) pour ce type de diplôme. J'essaye d'y faire inscrire la fille d'une de nos meilleurs travailleuses qui vient juste d'obtenir son Certificat final scolaire. Mais il me faut encore trouver une bourse, car ABC, et c'est leur génie, fait payer  le cours rubis sur l'ongle. L'expérience passée nous a appris qu'il est impossible – je répète 'impossible' - de devenir auto-suffisant en ne voulant aider que les pauvres. Il faut à un certain moment, se résoudre à faire payer ceux qui le peuvent - donc les classes moyennes ou les plus riches - pour pouvoir s'en sortir sans aide de l'extérieur. ABC fait payer -et cher - ses meilleurs prothèses/orthèses (jusqu'à 2.000 € les plus modernes) et peut ainsi presque faire tourner son atelier de fabrication, tout en offrant gratuitement les appareillages aux plus pauvres. Pour les cours d'éducation spéciale (pour infirmes, vieillards, IMC, sourd-muet, aveugles etc.), les étudiants payent 3.500 roupies par mois, soit  ~550 € par an durant deux ans. Seules de familles de classe moyenne peuvent payer cela. Alors, on cherche des bourses pour ceux qui ne peuvent pas payer. De toute façon, les 9/10 des étudiants qui peuvent se présenter sont les meilleurs de leur classe, rarement trouvés parmi les plus démuni...ou même à ICOD! Excellente initiative de Papou donc qui maintenant permet à ABC d'être auto-suffisant pour 20 % de son budget.

 

 

Un débouché pour nos jeunes

Voici un extrait d'une des dernières chroniques de Gaston.

Intrigués par une émission de TV sur ICOD, un groupe de personnes d'âges moyens sont venus nous visiter fin mars.

Ils sont apparemment tombés amoureux de notre travail, car ils nous ont sur le champ proposés un marché: "Accepteriez-vous de nous confier vos jeunes des classes VII et VIII (entre 13 et 14 ans) et ceux et celles qui ont passés l'examen de classe X (16 et 17 ans) Nous nous chargerions de les former jusqu'en terminale (Cl. XII) et ensuite, après un an de formation paramédicale, de les admettre dans notre hôpital où ils/elles recevront un salaire et travaillerons comme infirmières, laborantins, garçons de salle etc. selon leurs capacités. Si certaines se sentent des vocations d'infirmières, nous envisageons de les faire former pour le diplôme d'état dans un hôpital agréé." Le grand-père à barbe blanche qui nous proposait cela ne ressemblait certes pas au Père Noël, mais par l'enthousiasme, le transport et la conviction avec lesquels il nous parlait réussit à nous convaincre que son ONG était exceptionnelle. Et après avoir lu leurs documents, nous étions conquis.

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En gros leur itinéraire n'est vraiment pas piqué des vers. Une grande usine qui ferme. Des ouvriers au chômage mais qui touchent partiellement leurs salaires. Organisation en coopérative. Décision de fonder un petit dispensaire avec les structures de l'ancienne usine. Un médecin volontaire est trouvé. Toute la localité aspire à un hôpital, car il n'y en a aucun au nord d'Howrah (tout comme au sud à cette époque: 1990). Les usines locales promettent leur contribution. Un étage est construit. Un petit centre médical, dit secondaire (hospitalisation), se développe. D'autres médecins viennent gratuitement de Kolkata renforcer le personnel. Des spécialités sont fondées. Et vers 2000, le besoin de se lancer dans le tertiaire médical avec chirurgie générale, puis quelques spécialités. Aujourd'hui (voir la photo), 4 étages (le cinquième abrite les infirmières), 15 spécialités y compris cardiaque, rénale, pulmonaire, gynécologie, pédiatrie etc. Près de 50 spécialistes viennent des plus grands hôpitaux de Kolkata. Toutes les opérations, même les plus sophistiquées et pointues sont gratuites. Le malade ne doit payer que le matériel chirurgical. Exemple: la moindre intervention cardiaque coûte 250.000 roupies (environ 3500 €) dans n'importe quel autre hôpital. Ici, 25.000 roupies (~ 350 €). Et d'autres cas, simplement 8, 10 ou 15.000 roupies Un système d'assurance que je n'ai pas encore bien compris a mis toute la population dans le coup. Bref, je ne connais pas d'autre lieu hospitalier où tout est pratiquement gratuit.

Autre originalité: un centre éducatif a été ouvert dont nos étudiants bénéficient: des jeunes sont instruits gratuitement de 13 à 20  ans. S'ils ne sont pas trop doués, au lieu d'être renvoyés, ils sont utilisés comme personnel général et payés. Les meilleurs deviendront personnel paramédical, voire, dans certains cas paraît-il, médical. Inutile de dire que pour ICOD, cet hôpital devient une Providence avec P majuscule. Et on a tellement besoin partout d'infirmières!

Un troisième bénéfice est en voie de discussion, mais qui semble déjà être pour leur fondateur, une réalisation: ils cherchaient un lieu pour implanter un hôpital similaire dans le sud d'Howrah. ICOD, affirme-t-il, leur est providentiel également. Leur team est déjà venu prospecter et...décider. Ils règleront tout, un dispensaire, puis, comme chez eux, un hôpital etc. et peu à peu, nos jeunes formeront les cadres complémentaires. Il projette l'avenir avec un réel enthousiasme, d'autant plus il faut le dire que mon nom attirerait, paraît-il, les médecins...En Inde, on fait vite mousser les événements et les personnes. mais j'ai déjà mis deux point sur les i: Un, il ne peut s'agir que d'une coopération à égalité entre  David et Goliath (ICOD est vraiment tout petit) et, deux, ils doivent accepter par écrit et en contrat la priorité absolue des plus démunis et des personnes infirmes, rejetées, "inutiles" ou âgées (Comme moi sous peu par exemple!) Comme il semble que ce soit aussi ce qui les ait attirés chez nous, ils sont unanimes à accepter ces deux propositions. Attention au lièvre et à la tortue, et  prenons tout le temps sans brûler les étapes. Car la pépite qui brille trop n'est parfois qu'un leurre. Leur bonne foi est certaine et l'histoire nous dira si le jeu en vaut la chandelle. En attendant, l'espérance a donné des ailes à plusieurs personnes dans ce climat électoral non seulement malsain mais criminel, et je ne dédaigne pas l'occasion! Personnellement en tous cas, je n'ai aucune envie de m'occuper de tout cela. Je laisse leur responsabilité, à la nouvelle génération, surtout après ma démission l'an prochain à 80 ans. Certes je continuerai à être au service de tous et toutes, mais sans responsabilités  spéciales, sinon morales. Il est injuste dans un pays où 60 % de la population à moins de 30 ans (~730 millions!), 50 % moins de 20 (~650 m.), que les seniors ne le leur laissent pas la place! En attendant ces temps futurs, nous pouvons bénéficier de leurs services gratuitement. Nous leur avons amené le petit Broto souffrant d'encéphalomalacie irréversible  et leur spécialiste a confirmé les soins que nous donnions, le cas étant comme je le savais, désespéré.

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Mais finalement, ce qui devait arriver arriva: sur cinq de nos jeunes (sur la photo ci-dessus, il manque un garçon),  deux filles furent vite considérées comme désobéissantes et même, à notre grande honte, un danger pour leurs garçons! Pas étonnant, car la maman de l'une est prostituée et l'autre a navigué dans trois familles avant qu'on la prenne à ICOD. De plus, quatre sont trouvés trop faibles en anglais et mathématiques, ce qui en fait la risée des plus anciens. Seule une fille, Krishna, a racheté ICOD car chacun l'a trouvée excellente à tous points de vue. On avait averti les dirigeants, mais ils ne nous avaient pas cru quand je les avais averti que prendre certaines de nos filles  équivalait à mettre un chacal dans le poulailler (équivalent à l'introduction d'un loup  dans la bergerie!) On ne rééduque pas ce genre de gosses comme des enfants de familles aisées!

Une autre organisation de Kolkata,  qui s'intitule "SARA, les amis d'ICOD", et nous a déjà aidé fréquemment: nourriture, vêtements, librairie, bourses pour des hautes études, s'est mise en tête de d'utiliser les terres en jachères d'ICOD pour de l'agriculture bio ainsi que pour la pisciculture: nettoyage complet de l'étang et introduction  de quelques milliers de nouveaux poissons. Ils ont commencé ce mois. Ils payent tout et nous récolterons tout. Mes amis m'ont signalés gentiment que mon esprit plutôt pingre devrait être satisfait de ce genre