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02/12/2020

Disparition de deux figures en Inde

Voici, dressés par Gaston, les portraits de deux travailleurs sociaux qui nous ont quitté : Gîta Venkadakrishna, secrétaire de l’ONG « Hope-Espoir » de Kolkata et Shoukoumar Shaw, beau-père du Directeur de ASHA BHAVAN CENTRE et fondateur de l’une des plus importantes ONG du Bengale Occidental « Evergreen-Toujours-verte ».

«La tragédie a fauché plusieurs des plus grands travailleurs sociaux du Bengale, telle Gîta Venkadakrishna, secrétaire de l’ONG « Hope-Espoir » de Kolkata, qui soutenait plusieurs milliers de filles des rues, les logeait dans une dizaine de splendides buildings (que j’ai visités), les suivait jusqu’à l’université, et qui nourrissait je ne sais combien d’enfants dénutris. D’un dynamisme sans pareil, d’une capacité de travail peu commune, d’une culture supérieure, elle faisait feu des quatre fers quand elle avait des cas difficiles à placer. Alors on la voyait à ICOD avec son équipe hautement professionnelle de jeunes femmes, nous supplier de prendre des gars ou filles que personne ne voulait. C’est ainsi que nous avons acceptés 16 jeunes des rues, certains pratiquement fous, d’autres déments profonds, quelques-uns complètement paumés et antisociaux en diable, et assez dangereux. Elle disait qu’elle nous admirait. Nous étions au bas de l’échelle des travailleurs sociaux, simples hommes ou femmes « Shevok ou Shevika - serviteurs des pauvres ». Mais Gîta, respectait ma séniorité, enviait notre indépendance, et rabrouait ses troupes pour nous soutenir. Quand elle nous invitait avec nos 20 ou 40 jeunes à Kolkata, c’était pour assister à une extraordinaire célébration ou 3500 enfants étaient présents. C’était chaque année un évènement captivant, et nous lui sommes reconnaissants de ce qu’elle a réussi à faire et créer pour enthousiasmer les jeunes !

 

2020-12-02_11-16-01.jpgUn autre ‘serviteur des pauvres’ fut mon ami Shoukoumar Shaw qui est mort la semaine dernière du COVID. Il y a plus de 35 ans, il m’avait appelé sur sa presqu’ile, ou il hébergeait une trentaine d’orphelins. Il était aidé par le gouvernement, mais l’argent était si irrégulier que parfois, il n’avait rien durant six mois sinon son salaire « Connaissez-vous une ONG qui pourrait m’aider, car en plus je voudrais soutenir des femmes malades mentales. » Comme il s’occupait aussi de vieillards et d’écoliers pauvres, je n’ai pas hésité à inviter mon ami, un Jésuite allemand, pour l’aider. Il lui a construit en plus un beau bâtiment en dur de deux étages, encore en fonction aujourd’hui. A chacun de mes passages, sa jeune fille de quatre ans, puis 10, puis 15, et enfin 24, me passait une guirlande, selon la coutume de bienvenue. Mon filleul Papou lui proposa le mariage, ce qui prit du temps, car elle était hindoue et lui chrétien. Pour son père, aucun problème, mais sa mère n’acceptait guère. Mais elle finit par transiger devant l’amour évident des deux tourtereaux. Puis ABC construisit une de ses grandes écoles dans leur campus avec « priorité pour les handicapés ». Elle tourne toujours magnifiquement. Bref, l’ensemble de l’ONG « Evergreen-Toujours-verte » devint une des plus importantes du sud du Bengale rurale. Et Shoukoumar, un des plus écoutés des techniciens du développement à visage humain, car il était de droit un intellectuel réputé ainsi qu’un employé dans les bureaux du gouvernement de Kolkata. Et c’est cet homme tolérant, plein de compassion, toujours à la recherche des plus démunis, et maintenant en lien profond avec ABC (il était devenu le beau-père de Papou) et indirectement avec moi, car il venait parfois à ICOD avec son équipe. C’est donc une grande perte pour le pays et pour les indigents, et je ne sais comment son ONG tiendra le coup après son départ, car il était réellement fondateur et patron. »

11:17 Publié dans 2.2 - ICOD | Lien permanent | Commentaires (0)

27/10/2020

Notre lettre semestrielle

Notre lettre semestrielle est désormais prête à être  adressée à nos donateurs

Nous vous en donnons la primeur

Lettre semestrielle 202010-VD.pdf

11/09/2020

Travaux de réhabilitation à ICOD

Travaux de réhabilitation à ICOD après le passage du cyclone AMPHAN (extrait de la chronique de Gaston)

 

Je débuterai donc par le plus évident qui se trouve être le plus facile : que devient notre scierie-ICOD ?P-1.jpg
Ma foi, elle vient de perdre son nom. Mais quel travail ! L’essentiel est terminé : tous les grands arbres endommagés ont été récupérés et tronçonnés, tous les branchages coupés, une bonne partie du terrain nivelé, des morceaux de routes cimentées refaites.

Actuellement, on fait les plans pour la réfection d’une partie du grand Hall fortement endommagé. Mais cela coûtera cher. Et on termine chez les garçons la réparation de tout le plancher du réfectoire (en briques et ciment)  qui avait souffert à la fois des immenses trous des rats (en fait ragondins, certains de plus de deux kilos), et de la destruction du toit par le cyclone.

Les deux murets du canal que d’énormes troncs déracinés avaient complètement bouché, dans le même temps qu’ils avaient coupé la route sur plusieurs mètres, est maintenant refaits. Une des grandes salles de l’atelier de couture a dû être complètement réparée, à cause d’un des gros arbres effondré sur ses parois postérieures. Le toit des porcs également a été rétabli. Plusieurs murets latéraux ont été solidifies dans trois bungalows. Enfin, 80% des grosses souches ont pratiquement tous été acheminées près du portail d’entrée. Il fallait parfois presque un jour de travail à quatre hommes pour extirper les racines des plus grosses. P-2.jpgLes cent arbres de la cocoteraie sont à peu près rétablis après la coupe d’une douzaine de cocotiers, et les deux vergers de manguiers terminés. Des centaines de troncs et de souches encombrent encore les approches du portail d’entrée, les camions des scieries tardant à venir nous les prendre à cause des pluies.

Mais pour l’essentiel, c’est presque terminé.

Comme le montrent les photos, nous avons dû faire traverser l’étang aux plus gros troncs, car il fallait entre 12 et 18 hommes pour les faire glisser, ce qui aurait nécessité trop de travail de leur faire contourner l’étang. Cependant, il nous sera impossible cette année de commencer la replantation des arbres exotiques nécessaires à la biodiversité.P-3.jpg

Nous en avons tant perdus que nous ne savons pas encore comment rétablir l’équilibre compromis. Derrière le terrain de jeu des filles, là où se trouvaient tous nos grands arbres à fleurs, c’est toujours la désolation absolue. Les femmes et filles qui vivront probablement toute leur vie ici, malades mentales, veuves, jeunes IMC, aveugles etc., ont le DROIT d’avoir un endroit plein d’oiseaux et de fleurs, et il nous faudra le rétablir.


Une bonne nouvelle cependant : j’avais entendu le cœur serré tout un chacun affirmer que la grande île allait être rasée, et comme promis, je m’étais tu. D’où mon immense joie le jour où Binay est venu vers moi : « J’ai bien réfléchi, il ne faut rien toucher à cette île afin de préserver sa biodiversité. Qu’est-ce que vous diriez si nous y mettions aussi quelques nichoirs d’oiseaux, car vous m’aviez expliqué un jour que des tas d’arbres abattus possédaient en hauteur pas mal de trous ayant servis de nids ! »P-4.jpg

Je l’aurais embrassé. Enfin un qui, avec Gopa, comprend l’enjeu. Aucun autre homme n’a montré le moindre intérêt pour l’idée. Mais elle se fera, et je lui ai déjà remis des photos d’Internet sur les différents
nichoirs à faire fabriquer par le menuisier! Etre travailleur social, tout comme être chrétien, ce n’est pas simplement nourrir et vêtir les gens en détresse, c’est encore s’occuper de l’environnement dévasté, qui en nombre d’endroits, a créé ces dénuements !
Nous en aurons encore pour plusieurs mois de réparations des dommages des déchaînements de la nature, mais tout sera fait doucement par nos ouvriers, qui n’auraient rien pu faire d’eux-mêmes devant le travail de titan réalisé par les migrants. Si presque 200 membres de leurs familles ont pu bénéficier de l’excellent salaire que nous avons pu leur offrir, grâce aux donations imprévues, cela nous a donné grande satisfaction. Car nous n’aurions jamais pu trouver ici les centaines de milliers de roupies pour rétablir un semblant de terrain en bonne santé pour poursuivre les futures activités autosuffisantes d’ICOD, arrêtées au début de la pandémie.

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11:02 Publié dans 2.2 - ICOD | Lien permanent | Commentaires (0)