Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/01/2013

Révolte des élèves

Extrait de la dernière chronique de Gaston

 Il y a juste quinze jours, des étudiantes, ayant loupé leurs tests de passage pour se présenter aux examens de Fin d’Etude, décident de boycotter leurs professeurs, exigeant que leurs noms passent sur la liste de celles qui ont réussis. Les profs refusent. Les grilles se ferment, et durant 42 heures, 22 enseignants, homme et femmes, sont bloqués sans eau, sans nourriture, sans secours. Et 30 filles de 16 à 18 ans assurent la garde ! La police ne veut pas intervenir dans un campus. Le parti au pouvoir non plus. Alors les filles appellent les petits amis (et même, le comble, certains de leurs parents !) qui commencent à lancer des briques, menaçant d’entrer et de battre la principale. Une jeune prof tombe malade. Une autre maîtresse veut lui porter secours, mais les truands interviennent : « Tu la touche et on te casse les pattes ! » L’opposition politique arrive avec les chaînes de TV. Les grilles sont ouvertes, certains enseignants battus. Et la principale, acculée, accepte finalement de laisser passer les filles qui ont ratés le test. Elle peut partir, mais avec interdiction de revenir dans cette institution où elle enseigne depuis 30 ans.

Entre temps, d’autres écoles sont entrées dans la danse. Le Conseil des Hautes études secondaires intervient dans l’une d’elle : « Il faut fermer les yeux sur les tests et laissé passer tout le monde » Une idée du gouvernement au pouvoir. Elections communales prochaines obligent. Alors c’est la curée. Des dizaines d’écoles entrent dans la bagarre, les uns pour, les autres contre. L’opposition utilise les gros bâtons. La police ses canons à eau, et, bientôt, ses fusils. Il y a des morts. C’est la panique. Qui va avoir raison ? La peur s’empare des enseignants : « Si on ne peut plus présenter les étudiants qui le méritent mais n’importe qui, les examens ne servent à rien. Et si on continue d’appliquer la loi, on va se faire tabasser. Si pas plus… » Les élèves sont tout aussi effarouchés. S’ils suivent tel parti, l’autre les cognera. Silence du gouvernement qui tient à ses votes. Enfin une lueur du côté du judiciaire : « Un juge affirme : « Un test raté signifie que l’élève ne peut plus se produire aux examens cette année. La loi est claire, elle doit être appliquée » Mais qui va l’appliquer ?

Alors se produit l’impensable : dans une grande école, les familles du voisinage décident d’elles-mêmes de faire la loi du plus fort à leur façon : « Nous interdisons tout élément étranger de venir a 20 mètres du portail de ‘notre’ école : ni parti politique, ni police, ni étudiant des syndicats ni personne. Seulement nos enfants et les professeurs dont nous assurons la sécurité » Armés comme pour la guerre, ils ressemblent à un gang de maffiosis. Mais ils ont la morale pour eux. Et peu à peu, les autres écoles, même dans les villages constituent le même type de comité. « Non aux pressions d’étudiants paresseux ou indignes ! » Il y a bien quelques bagarres ici et là, mais dans l’ensemble, après quinze jours de chaos, tout rentre dans l’ordre. Excepté pour la première centaine de gars et de filles (tous moins de 18 ans) qui ont tout démarré et qui seront punis. Il faut rajouter qu’en Inde, traditionnellement, les enseignants sont considérés comme des ‘gourous’. Traversez un village, voyez une femme qui va à son travail et un jeune de 25 ans lui toucher les pieds. C’est une enseignante ! Observez un vieillard assis sur un banc et vers lequel de nombreux jeunes et moins jeunes vont toucher les pieds, c’est un instituteur ! D’où l’outrage général résumée par un maître d’école : « Avoir enseigné cette filles pendant douze ans, et l’entendre m’injurier et me menacer, c’est la plus grande humiliation de ma vie ! » 

Les commentaires sont fermés.