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25/06/2012

Problèmes de laïcité en Inde

Nous venons de fêter ce mois les soixante ans du Parlement indien. Comme l’a souligné un ministre, c’est le seul parlement démocratique du monde qui, depuis les indépendances coloniales, n’a jamais connu de coup d’état militaire ou de révolution. Une pierre blanche qui méritait d’être signalée. Mais il reste pas mal de ‘hic’. Par exemple, l’article 370 de notre Constitution stipule que l’Etat, étant fondamentalement séculier, doit protéger toutes les religion de façon égales et de ne dispenser des privilèges à aucune religion en particulier. De plus, il doit accorder la plus grande liberté à chacune d’entre elles pour la pratiquer, la propager sans violence et la préserver. Cependant, les politiciens ont parfois leur façon de détourner cet article. La Cour Suprême vient d’interdire le financement par le gouvernement du pèlerinage musulman du Hajj. Depuis quelques décennies en effet, pour éviter des frictions, les 700.000 pèlerins annuels indiens avaient le billet d’avion jusqu’à Djeddah gratuit et quelques autres privilèges, ce qui faisait hurler – et avec raison – l’extrême-droite, mettant les musulmans eux-mêmes mal a l’aise car de toute façon, seuls les riches pouvaient se payer ce long séjour à la Mecque. Les leaders musulmans ont ainsi applaudit cette décision. Qui arrive en même temps que l’octroi par notre populiste Mamata d’un salaire mensuel à tous les 30.000 imams (et autant de muezzins) des 28 millions de musulmans du Bengale pour obtenir leurs votes lors du renouvellement des communes et mairies. Les prêtres hindouistes, eux aussi pour la plupart extrêmement pauvres et souvent méprisés pour leur rapacité, ont immédiatement réclamés le même droit. On voit mal cependant les prêtres et pasteurs chrétiens, en général largement privilégiés, se réclamer du même droit. Si notre Ministre en chef se lance dans ce petit jeu classique anticonstitutionnel, c’est elle qui y perdra. Et la dignité des religions.

Un platiniste Dauphin

Parlant de pêche, on nous a amené un jeune dauphin (d’environ un mètre cinquante (les adultes atteignent le double) qui venait de mourir dans le filet d’un pêcheur de notre Damodar à 2 km d’ici. Jamais on n’avait vu par ici un de ces magnifiques et attachants mammifères marins. A mon immense étonnement, ce spécimen appartient à l’espèce la plus rare et pratiquement en voie totale de disparition.

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Car ce n’est pas un dauphin commun, mais bien un plataniste ou dauphin du Gange. Comme il vit dans les eaux boueuses du delta, il s’est adapté. Son mini-oeil – qu’on ne voit pas sur la photo- ne lui sert pratiquement de rien, de même que sa nageoire dorsale réduite à un moignon. Par contre ses larges nageoires latérales lui servent a fouiller la vase et son rostre aplati justifiant son nom possède une trentaine de dents lui permettant de croquer crustacés ou poisson-chats qu’il trouve au fin fonds de la boue. L’ouverture latérale sur le front qui semble si large sur la photo est son évent qui lui essentiel pour respirer et rejeter l’eau entré dans sa bouche. On me pardonnera cette longue description, mais c’est la première fois que je me trouve devant une espèce animale qui n’existera plus dans moins de dix ans ! Comment a-t-il pu échapper au barrage de centaine de grands filets qui barrent notre rivière sur 25 km avant de rejoindre un canal qui la relie à la grande rivière Mundeshwari où effectivement on voit assez facilement des dauphins, mais jamais plus de cette espèce ? Et d’où vient-il réellement ? Probablement des Sundarbans où se trouve la dernière troupe importante du bassin gangétique. Un réel événement zoologique.

Spectacle du matin

 

Exceptionnellement ce matin, on vient m’appeler à cinq heures. Les autres jours, je fainéante jusqu’à six heures avant de commencer la prière dans mon oratoire. Effectivement, il va y avoir spectacle. Le soleil ne s’est pas encore levé, mais le ciel rougit déjà. On m’appelle : « Vite, vite, les ‘bok’ se préparent à partir » Ce sont les milliers d’aigrettes et de hérons qui effectivement commencent à sortir de leur absolue immobilité nocturne en se frottant le corps de leurs becs et bougeant leurs ailes en poussant des espèces de pépiement qu’on ne leur entend jamais autrement. Et puis le soleil darde un de ses rayons. Une rumeur frémissante s’élève, et d’un seul coup, comme dirigé par une baguette d’orchestre, voilà qu’un nuage blanc et rose s’élève dans un ensemble presque parfait. Ce n’est pas beau, c’est grandiose, et même à vous couper le souffle. La nuée vivante s’organise en spirale qui tourne une fois - une seule fois – au dessus de l’île puis monte presque verticalement…Et l’altocumulus animé se disperse entre une dizaine de points cardinaux qui s’éloignent pour rejoindre leurs mystérieuses destinations diurnes. Le ciel est maintenant bleu azur en son centre et rose pourpre au levant, car le disque a jaillit et monte à une vitesse surprenante pour prendre sa position tropicale suspendue et nous gratifier de la première bien que faible bouffée de chaleur de la journée.

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L’air reste agréable cependant et nous fait apprécier le deuxième acte de l’opéra matinal. De nouveaux hérons survolent le ras des flots comme s’ils voulaient les inspecter. Il y en a des dizaines. Ce sont les ‘hérons-de-riz’ qui nichent à part dans la presqu’île et qui ne se mélangent jamais aux autres. Les magnifiques mâles au bec bleu et pattes rouges du temps de la pariade mènent la danse. Ils lancent leurs longs becs sur la surface pour picoter un poisson ici et là. Et parfois même, fait unique dans le monde des héronidés, ils s’élancent pour attraper au vol un poisson qui bondit hors de l’eau. Nous assistons à un spectacle rare dans le monde animal : une vision de symbiose, c'est-à-dire de coopération spontanée qui avantagera les diverses espèces mêmement. Une centaine de cormorans noirs qui ne sont pas partis avec la grande troupe, plongent et replongent à la poursuite du poisson. Champions de natation, ils peuvent poursuivre plusieurs minutes sous l’eau et à une vitesse inimaginable leurs proies qui souvent n’ont d’autres issues que de s’élancer hors de la surface. Où ils retombent dans le bec de nos hérons, tandis que sur la grève, une douzaine d’aigrettes blanches, souvent de celles malades ou blessées lors des ouragans qui restent ici durant le jour, recueillent avec apparente délectation les petits poissons qui retombent sur la grève. Moins efficaces mais tout aussi actifs, quatre petites poules d’eau sauvages s’activent en compagnie de deux mini-hérons chinois (d’adorables blongios cannelle) qui les dépassent à peine en taille et qui nichent avec elles dans les deux grands pandanus dont l’un est sis devant ma chambre.

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Comme toutes ces saynètes se passent durant le temps consacré à ma prière du matin, je n’ai jamais l’occasion de les admirer. Aussi c’est avec une grande satisfaction que je peux en faire la description ce matin, même si une partie de mes amis d’Europe se demandera bien ce que toute ces scènes ornithologiques viennent faire au milieu de tant de préoccupations de gens dans la détresse ou d’organisations de développement. Et bien, c’est simple : nos frères et soeurs bouddhistes et hindouistes nous rappellent à temps que l’homme fait partie de la nature et qu’il est temps – et même grand temps – de nous enrichir de sa beauté, de ses leçons et de la gloire que le Créateur y a mis pour que l’humanité puisse, non seulement manger ou s’enrichir, mais encore admirer et aimer. Et le glorifier. Et les chrétiens qui l’ont oublié durant des siècles se mettent eux aussi enfin à l’école de François d’Assise pour réparer l’espèce d’anesthésie spirituelle qui leur avait fait oublier la contemplation du charpentier de Nazareth devant les oiseaux du ciel, les lis des champs et les moissons dorées. Du coup, même si Marcus et Terence m’ont attendu en vain ce matin pour la prière commune, ma propre contemplation, je le sens, n’aura pas été vaine.

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