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13/08/2018

Deux anniversaires pour Gaston

Extrait de sa dernière chronique.

ENTRÈE DANS L’OCTOGENÈSE…

 

Non, ne cherchez pas dans le dictionnaire, ce mot n’existe pas. Sauf pour moi. Car si l’an dernier j’ai eu 80 ans, en ce 9 juillet je complète donc ma première année, et j’entre dans la décennie qui commence à 81, la véritable octogenèse qui, de ma conception en 1936 et ma naissance en 1937 me transporte dans ma genèse finale… - le plus tôt possible je l’espère - pour me projeter enfin après plus de ¾ de siècle d’attente en la Nouvelle Vie de l’Esprit à laquelle nous sommes tous appelés, même ceux qui sont sourds !

Mais aux yeux des indiens, il a m’a fallu passer sous les fourches caudines d’un anniversaire à grand spectacle. J’ai cru pouvoir l’éviter en laissant entendre que je n’acceptais pas une journée dont le coût serait pris sur le budget et donc qu’il n’y aurait qu’une prière collective…Mais las! Habitués qu’ils étaient à ce qu’ils appellent mes rengaines, leur réponse était prête : tout serait offert gratuitement par des organisations ou individus de l’extérieur : repas, orchestre, groupe de danseurs, décorations du grand Hall et de tout ICOD, costumes de danse pour nos filles, lignes électriques et acoustiques avec haut-parleurs disséminés, etc. Je n’avais plus rien à dire sinon à accepter que plus de 1300 personnes soient présentes, certaines venant de cinq Districts, que des dizaines de bouquets defleurs (parfois avec orchidées) me soient offerts, que d’autres dizaines de cadeaux divers me soient présentés, dont 15 «punjâbis » (chemises indiennes souvent brodées la plupart blanches, avec ‘pajamas’= nos pyjamas), des potiches en ‘terracota’ (argile cuite) artistiquement tournées et décorées (dont la plus belle, par un ami lui-même), et un bon nombre d’objets en plastique évidemment du plus mauvais goût, heureusement accompagnés de quatre ou cinq beaux tableaux dont trois peints par les artistes eux-mêmes. Le don de deux superbes orchidées en pot par Sukeshi m’a fait un énorme plaisir. Une fleur qui va perdurer est quand-même mieux que du synthétique ! Le Hall était sur-plein, l’ambiance du tonnerre, l’acoustique assourdissante, et ceux et celles qui venaient m’offrir un cadeau venant droit de leur cœur avaient quelque peine à se frayer un chemin dans la cohue, d’autant plus que les fans des musiciens et chanteurs s’agglutinaient au bas du podium ! Je tendais quasi mécaniquement les mains, embrassais ceux qui le voulaient, ne reconnaissais presque personne dans l’éclat des flashes, ne sachant jamais qui a donné quoi, bref, j’étais un peu comme étourdi par l’enthousiasme et la liesse, et conscient au plus profond de moi, que je ne méritais pas tout cela, qu’il y avait erreur, qu’on se méprenait sur le personnage, que le Seigneur avait une autre opinion de moi, bref que je jouais la comédie et que les bénédictions que je donnais ‘urbi et orbi’ à tour de bras même sur tous les bébés qu’on me présentait n’étaient finalement que du charlatanisme de géronte, même si mon âge effectivement me permettait de les donner selon la coutume bengalie.

Nous n’étions que sept chrétiens parmi cette cohue indo-islamique…dont deux prêtres catholiques et trois protestants.

Donc finalement, il fallait me conformer à l’idiosyncrasie de cette collectivité. Donc apaiser ma conscience troublée. Donc enfin revenir à ce que j’avais dit durant la réunion de prière au ‘Temple de la Miséricorde’ le matin lorsque, commentant le Bon Samaritain, il m’avait fallu reconnaître avec Jésus ce que le scribe avait déclaré : « Il ne nous est demandé que d’aimer Dieu de toute notre force, cœur, être et âme et notre prochain comme soi-même » Il m’était ainsi tout simplement proposé de m’aimer assez pour reconnaître que l’amour que j’ai donné à tour de bras dans ma vie (comme les bénédictions d’aujourd’hui ) est reconnu par les gens comme un reflet du Dieu de l’Univers qui les aimait tellement qu’Il a même envoyé Son Fils pour prouver qu’il nous aimait, et que ce même Fils, mon frère Yehoshuah-Jésus m’a envoyé vers eux à son tour...pour aimer.

Peu auraient pu l’expliquer comme cela, mais tous avaient ressenti ce jour-là, dans l’âme collective d’ICOD, comme une répétition du Thabor où Pierre, pétrifié de joie, avait stupidement lâché quelque chose comme : ’bâtissons une tente et restons-ici tellement il y fait bon’ ! Et effectivement, pas mal de personnes dormirent ici cette nuit-là.

Un grand tableau saint-sulpicien à souhait du Sacré Cœur qu’on m’avait offert, préparait chacun à cette conclusion : toute notre joie vient de Dieu. Je n’allais quand-même pas détruire cela par fausse humilité ! Une seule ombre au tableau : nos filles ne purent danser à cœur joie comme elles se l’étaient proposée, car la cohue les en a empêchées. Ce n’est que le soir que j’ai pu leur dire pour diminuer leur chagrin : « C’est encore mieux comme cela, parce que vous pourrez nous organiser seulement entre nous un beau programme pour la fête de l’Indépendance du 15 août ! » Ce qui les firent gambader d’allégresse : encore une fête, quel bonheur !

 

NOCES D’OR AVEC JÉSUS-CHRIST, FRÈRE INCARNÉ DE TOUS LES HOMMES.

 

Ce n’était pas tout de fêter mon anniversaire, car voici 50 ans, le 29 juin 1968, en la fête de St Pierre et Paul, j’ai fait mon engagement dans le Prado entre les mains de Mgr Ancel, évêque auxiliaire de Lyon premier évêque ouvrier et Supérieur du Prado. J’avais 31 ans. A vrai dire, comme expliqué en fin de chronique de juin, ce n’était pas mon premier engagement, puisque j’en avais fait de bien différents, quoique similaires dans mon cœur, à 6 ans, 12 ans, 22 ans, 31 ans, puis à 35 ans en partant pour l’Inde et enfin à 52 ans lors de ma naturalisation. Et chaque année à mon anniversaire que les centaines d’amis indiens s’escriment à célébrer malgré mon opposition, je redis

la vraie signification de ma présence, qui n’est pas le développement, mais bien l’action de grâces pour les merveilles que Dieu fait en nous tous, quelque soient nos religions ou scepticismes, et malgré nos limites, faiblesses et même trahisons. Car quel que soit le nom qu’on donne à Dieu : Brahman, Père, Jésus, Allah, Bhagowan, Buddha, Sâtguru, etc, il EST et vit en nous, nous aime et nous pardonne à tel point qu’Il nous invitera à partager Sa vie après notre mort.

J’ai été envoyé pour témoigner de tout cela et bien plus, à travers un travail de service célibataire libre, sans attachement, montrant que tout homme, femme, enfant et tout être vivant voire inanimé est non seulement à respecter mais à AIMER.

Ma vie devient ainsi mon message, selon l’exemple de Gandhi…et bien entendu, de Jésus-Christ, même si mon message est aussi limité que ma pauvre vie. Mais j’espère au moins que chacun et chacune, là où j’ai vécu, aura compris que sur terre nous sommes tous frères et sœurs car issus du même Père et que donc l’ÉGALITÉ EST NOTRE DROIT DE NAISSANCE, quelque soient notre race, couleur, caste et religion. Si les Orientaux peinent à accepter l’égalité des castes, les Occidentaux eux, refusent de plus en plus les autres races, couleurs et religions. On ne bâtira jamais un monde de paix et de bonheur comme cela. Puisque que naturalisé citoyen du monde en 1954, (j’en garde toujours le passeport de Paris, même inutile) je me sens frère universel. Je ne suis pas chargé d’apporter ce message au monde, mais je suis chargé de l’apporter aux quelques milliers de frères et soeurs indiens que le Seigneur m’a confiés.

Mes amis des autres ONG, diffusent aussi ce message à quelques centaines de milliers d’autres pauvres et même riches. Mon humble chronique mensuelle essaye de propager la même pensée à quelques centaines de lecteurs. Je crois que c’est tout ce qu’il m’est demandé de faire sur cette terre, avec la tendresse de mon service pour les plus déshérités et l’amour de mon frère aîné Jésus-Christ. C’était le seul but de ma naissance….et de mes anniversaires. C’était encore le but de mes engagements. Ce sera encore le but de ma mort. Et je poursuivrai certainement le même but après, durant la lune de miel éternelle de ma vie infinie en Dieu en qui toute l’humanité redeviendra enfin UNE dans la paix et la joie de l’éternité. Comment pouvoir être un seul jour triste en cette vie quand on a cette perspective de Béatitude sans fin?

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