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13/01/2013

Mariage de la fille de GOPA

Extrait de la dernière chronique de Gaston

 

j’hésite même de vous parler du mariage de la fille de Gopa, Keka-cri-du-paon, puisque le mariage passe de plus en plus pour une chose surannée et inutile, sauf bien évidemment s’il concerne les homosexuels où là il devient un ‘must’. Ne me faites pas dire ce que je ne dis pas, car je suis d’avis de respecter les droits des homosexuels (tout comme ceux de nos eunuques ou transsexuels) sans pour cela leur demander de devenir des clones des droits des hétérosexuels ce qui deviendrait ridicules et se retournerait contre eux à la longue…

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Ainsi, Kéka, 23 ans, fille de Gopa et donc fille de Brahmane, se marie avec Subhankar- porte-bonheur, 26 ans, lui-même de basse-caste, bien que sa famille soit très riche et qu’il dirige un magasin ayant pignon sur rue le long de la route ICOD-Ulubéria. Maison luxueuse de deux étages et voiture dans le garage. Moi qui ne suis à l’aise que dans des huttes, me voilà servi. Pourtant, le dimanche où je suis allé donner la bénédiction’ au fiancé (ce qui tient lieu de fiançailles et sans la fille bien entendu), j’ai été reçu comme un membre de leur famille. De même lorsque je suis allé seul chercher le fiancé pour l’amener avec tout son groupe (le « Bhârat » que cela s’appelle depuis des temps immémoriaux, coutume même adoptée par les empereurs moghols !) je me suis senti chez mon propre jeune frère, la belle-famille se mettant en quatre pour me faire honneur. La belle-mère ne faisait que de me parler de « ma poupée » qui va venir. Bon c’était un bon présage. Et effectivement, tous les trois jours de festivité se sont déroulées dans la bonne humeur et la bonne entente, ce qui est particulièrement peu commun du côté des beaux parents qui trouvent toujours à redire sur l’organisation des cérémonies, de la qualité des cadeaux ou de la joaillerie, des vêtements ou des aliments.

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Ce fut un des plus beaux mariages auquel j’aie assisté. La mariée était rayonnante et souriante, (encore une fois ce qui n’arrive pas toujours quand les deux tourtereaux, comme en ces noces, ne se sont quasi-jamais rencontrés) ainsi que les deux familles. Mon devoir était de surveiller et d’aider le papa de Keka, malade mental mais à peu près en bon état ce soir-là, pour qu’il reste souriant. Dieu merci, il s’est parfaitement bien tenu ce qui m’a bien soulagé, car, au cas contraire, c’aurait été à moi de prendre sa place comme tuteur de la famille. Impossible d’ailleurs pour moi de m’asseoir à l’intérieur d’une cérémonie hindouiste. Aucune objection du côté du prêtre, mais si je puis et dois respecter les ‘idoles’, je ne peux quand même pas les adorer ! Donc, il m’aurait fallu trouver un double ce qui devient vraiment délicat.

Une foule immense à l’hôtel de la famille de la fille le premier jour : mariage de 23 heures à 3 heures du matin. Une nuit pleine de joies et de rires, où le futur marié est roi, avec en coulisses, les jeunes qui essayent de mieux se connaître, ce qui est quasi impossible dans les villages, et les parents qui se font, avec un art consommé qui me dépasse de cent coudées, des propositions de mariage pour leurs rejetons. Il serait amusant que je vous décrive le ton de ces conversations (qui provoquerait bien des ‘oh!’ et des ’ah!’) Mais je n'en n'ai vraiment pas le temps ! Puis départ du nouveau couple vers 8 heures pour la maison du jeune marié. Qui m’a pressé pour que je l’accompagne. Mais j’étais vraiment trop fatigué.

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Et le lendemain, c’est la fête de l’épousée où elle est seule reine, le jeune mari ne faisant que recevoir les invités. Qui sont encore plus nombreux que du côté de l’épouse. Et du huppé en plus ! Un orage subit avec tonnerre, éclairs et bourrasques risqua d’enlever toute la toiture temporaire. On n’avait jamais vu une tempête en hiver, et les invités arrivant après 22 heures furent trempés durant la longue marche pour atteindre la maison au fin fond d’un hameau. Adieu les adorables et gracieuses toilettes, et perdues les belles chevelures montées avec art et entremêlées de bijoux ! D’ailleurs, il y avait de l’or partout, ce qui probablement a contribué pour l’adjectif ‘adorable’ employé plus haut ! Les pensionnaires d’ICOD, arrivées très tôt, ont eu un grand succès comme demoiselles d’honneur de la mariée. Elles étaient dans leurs plus beaux atours, tous prêtés par Gopa qui en récoltent pour elles tout le long de l’année ! Leurs ornements étaient de pacotille, mais pas leurs visages ni leur grâce, et elles furent l’objet de beaucoup de louanges. Car si dans le beau monde, les bijoux surpassent souvent la beauté de celles qui les portent, dans les villages les jeunes filles sont souvent infiniment plus belles que leurs faux bijoux ! Elles m’ont suppliées de les prendre en photo et sont venus ce soir vérifier que j’avais tenu ma parole en les mettant sur cette chronique. Du coup, ce sont les petites qui ont boudés car elles n’ont pas été photographiées à part. Je n’ai malheureusement que des photos de la deuxième journée et pas du mariage même, car l’appareil d’ICOD était détraqué, un peu comme son propriétaire d’ailleurs !

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Bref, ce fut un beau mariage, et encore plus beau l’impression que nous donna la famille. ‘Bonasse’ pourrait-être le meilleur terme pour décrire le nouveau « beau-fils». Ainsi que sa famille, ventripotente à souhait – et même à excès – mais d’une bonté et simplicité à revendre. Nous avons été invités deux fois dans leur maisonnée et Subhankar est venu trois fois ici. Rieur, plein d’humours, débordant de bonne volonté, il embrasse tout le monde et m’étreignait comme si j’étais son frère aîné. D’ailleurs, même avant le mariage, quand j’avais été donné la bénédiction, il m’avait entouré de ses deux bras puissants et m’avait dit : « Mama-mon-oncle, j’ai peur, que faudra-t-il faire ? Aidez-moi…J’aime tant « Poupée » (surnom qu’ils ont donné à Kéka à cause de son aspect fragile) que je crains de ne pas savoir comment l’aider… » Désarmant…De l’avis de tous, il est le meilleur de nos 10 « beau-fils ». Mais il est le seul à venir d’une famille riche, et cela suffit pour faire la différence…en apparence ! En attendant, ‘Kéka’ est aux anges et visiblement pleinement amoureuse à tel point qu’elle a refusée de rester une nuit à ICOD comme ses beaux-parents le lui avaient suggéré. Elle a fait appeler son galant qui est arrivé illico sur sa moto pour l’emmener au beau pays des amoureux !

 

Quelques manifestations pour les 40 ans de Gaston en Inde

Extrait de la dernière chronique de Gaston

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Un jour, UBA, l’organisation de Kamruddin des « Frères Unis » et de sa femme les « Sœurs unies » m’invitèrent une journée pour m’offrir un splendide trophée à l’occasion de mes 40 ans en Inde. L’exagération étant le propre des indiens (donc, on sait de qui je tiens quand on m’accuse de grossir les faits !) on m’attribua littéralement la paternité de l’accroissement du niveau de vie dans tout le Bengale, et la multitude des filles présentes, la plupart musulmanes, prirent le relais pour dire combien leurs parents des slums leur avait parlé du temps où je soignais et guérissais à tour de bras à Pilkhana ! Il faut parfois savoir être tolérant sur les louanges pour mieux supporter les médisances qui ne manquent jamais d’arriver au moment où on s’y attend le moins…Le trophée est impressionnant, mais je leur en ai reproché le coût probablement aussi fabuleux, alors que cela m’est quand-même parfaitement inutile! Qu’en sera-t-il lorsque j’aurais 50 ans d’Inde ? En attendant, tous ces cadeaux sont cachés par Gopa dans une armoire, suivant en cela la tradition de Sukeshi et réapparaîtront sous forme d’exposition-souvenir après mon décès !!! Touchantes mais belles futilités quand-même !

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ABC m’a aussi invité pour sa « Journée de Fondation » J’ai été comme toujours touché par le sérieux de leur organisation. Tout y est impeccable, les bâtiments, le travail, les enfants, le personnel, et la réception comme les fêtes. Je suis toujours ému au tréfonds de moi-même de voir ces centaines d’IMC me sauter au cou et manifester leur joie de revoir leur « Dadou-grand-père » L’amitié ne m’a jamais fait défaut, mais avec eux, à cause de leur joie, de leur nombre et de leurs grands handicaps, tout déborde et c’est comme une vague d’émotion qui m’envahit. Les plus grandes filles ou gars datent de Bélari, donc parfois de plus de 15 ans en arrière, ce qui refait défiler le passé. ABC est toujours plein de projets originaux et neufs et se renouvelle toujours. La jeune femme de Papou vient de lancer une organisation appelée « Guérison » pour la prévention du Sida. Quelle bénédiction que cette ONG ABC!

 

La vie à l’ICOD

Extrait de la dernière chronique de Gaston

 

Notre cher frère aîné Sorit est retourné à Bélari après presque cinq mois chez nous. Pas encore guéri, mais presque prêt à se tenir debout. Il a retrouvé son sourire sous la grande véranda où il peut de son lit apprécié le soleil hivernal.

 Car il fait maintenant très froid pour nous : 18 degrés de jour et 8  la nuit. Un record depuis 33 ans. Et toujours entre 80 et 90 d’humidité. Pour vous ce n’est rien, mais imaginez que ces températures soient aussi bien intérieures qu’extérieures car le chauffage des chambres n’existe pas. Et Je parie que vous garderez vos moufles et vos parkas ! Cette vague de froid (en dessous de zéro du côté de Delhi) et 3 ou quatre degrés dans le Haut Bengale a déjà fait pas mal de morts. Et janvier est chaque année le mois le plus froid. Cela promet. Pour l’instant, je reste en très grande forme…mais, ne vendons pas la peau de l’ours...

Ce samedi, nous avons organisés nos élections pour le renouvellement du Comité directeur d’ICOD. Pas grand chose de changé, Gopa restant Secrétaire à l’unanimité. J’ai offert ma démission de membre, mais cela n’a même pas été discuté. Il est vrai que, puisque le Père Laborde est encore actif à 86 ans et trotte partout, il m’est difficile d’alléguer de mon âge. En fait, ils ont besoin d’un bouclier, et je suis la peau de buffle idéale. Surtout quand il s’agit des rapports avec les partis politiques qui veulent toujours avoir une patte (et avec quelles griffes !) dans toute organisation, ou des ouvriers qui ont quelque peine à digérer que nos priorités vont vers les pensionnaires et les gens en détresse et pas eux et leur village. On fera avec eux une réunion le 3 janvier et cela promet de belles joutes oratoires ! Il faut dire aussi que personne n’accepte vraiment qu’une femme soit la responsable principale (en fait il y en a deux, puisqu’il y a aussi notre présidente, bien qu’elle se tienne plutôt coite !) Ainsi, tout repose sur Gopa et il me faut l’épauler. Mais certains promettent qu’on lui fera la peau après mon départ. C’est comme ça qu’ils avaient ‘eu’ Sukeshi. Il suffit qu’une femme fasse un reproche à un homme…et on le lui reprochera à vie. Mais pour moi, ça passe. Et janvier promet quelques décisions difficiles concernant plusieurs pensionnaires qui maintenant on vu un certain équilibre s’établir dans leurs familles (par exemple une orpheline qui tout d’un coup réalise que sa veuve de mère qui l’avait abandonnée s’est remariée et veut la reprendre…) On en reparlera, mais c’est bien douloureux pour nous…