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13/01/2013

Noël 2012 à l’ICOD

Extrait de la dernière chronique de Gaston

 

Noël est arrivé et son souvenir restera a jamais gravé dans nos mémoires comme la plus belle fête que nous ayons eue à ICOD. Tout d’abord parce que je n’étais pas malade, et ensuite parce que je n’ai pas du allé la messe de Minuit, ce qui coupait ainsi pour tous les réjouissances en deux. Car un prêtre de la paroisse a accepté (enfin !) de venir célébrer une messe à 11 heures du matin le jour même de Noël. Quelle joie pour tous. Cela n’a pas été si facile pour l’obtenir, car ses supérieurs ergotaient qu’une messe pour trois chrétiens (Marcus, une grande fille aborigène et moi,) et si loin, ce n’était pas très sérieux ! Mais en fait, ce dimanche 30, le curé de la paroisse m’a dit sa satisfaction et s’est offert pour venir le jour où cela serait nécessaire.

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Bref, la veillée a commencé à 22 heures, avec danses bengalies, puis danses aborigènes en hindi ou Oraon. Binoy avait arrangé un orchestre de rock qui faisait trembler l’établissement…et mon vieux coeur. La crèche était merveilleusement décorée, bâtie par deux hors-castes. L’enthousiasme était à son comble et à minuit pile, le petit Rana-Envoyé de Dieu se saisit du micro et annonça joyeusement l’arrivée de sa maman Gopa, une brahmine, apparue dramatiquement par la porte arrière du Hall amenant l’Enfant-Jésus sur un plateau de fleurs. Bien que je jouasse les seconds rôles, j’ai entonné un retentissant « Adeste Fideles » pour bien souligner devant cette assistance non-chrétienne l’antiquité latine de notre foi. Offrandes, fleurs, encens, lumière, prosternations, explications des raisons de cette fête universelle, rappel que les moines de la Ramakrishna Mission passent la nuit en prière ainsi que de nombreux Ashrams hindouistes ou soufis musulmans. Ensuite, une grande fille nous a lu très lentement les deux chapitres de la naissance dans l’Evangile de Luc et quelques extraits de son Sermon sur la montagne avec les «Béatitudes» suivi par un «Hé amader Shorgostho Pita» (Notre Père) commun que Marcus avait fait apprendre à ses gosses. Tout se passa dans une extraordinaire ferveur et il me fallut la rompre en lançant au micro : « et maintenant que règne sur la terre la paix des hommes de bonne volonté, montrons notre réjouissance et lançons-nous dans la danse ! »

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L’invitation à peine lancée que le tromblon des haut-parleurs se déchaina en un bruit assourdissant que notre joyeuse marmaille, ouvriers et responsables en tête, se lança dans une débauche de rigodons et de rock absolument infernale pour moi car les murailles en tremblèrent et je du fuir comme les cananéens devant celles de Jéricho…Gopa fendant la foule déchaînée des danseurs vint me prendre d’autorité par le bras avec le plus fort des travailleurs pour me faire quitter les lieux manu militari afin de protéger mon cœur déjà palpitant. Ce qui en fit rire beaucoup. Mais un peu moins fort quand j’appris que plusieurs aussi durent sortir à cause de cette musique que j’appelle bruit ‘infâme’. On envoya alors dire aux responsables de l’électronique de modérer la tonalité par respect pour nos malades mentale. Ils s’amusèrent bien jusqu’à deux heures du matin…Mais ce fut nettement moins marrant à six heures lorsque il fallut ouvrir les yeux pour se lancer dans la Journée des Sports.

Depuis dix jours en effet, ils/elles l’avaient préparé : compétitions diverses de sprint, saut en longueur et hauteur pour les garçons, saut à la corde, course avec cuillère et billes, biscuits tendus sur une corde pour les plus petites, chaises musicales, saute-moutons etc. A dix heures, il fallut arrêter temporairement pour la messe au Temple interreligieux de la Miséricorde. Le Père partit de la crèche du Hall en procession avec les trois statues données par Papou. Elles furent placées derrière l’autel, juste au-dessus des Livres Sacrés que sont le Coran, la Gîta, la Bible et la Dhammapada bouddhiste. Nos gars et nos filles avaient appris durant la semaine de nombreux chants chrétiens bengali et hindi grâce à nos trois aborigènes qui étudient dans l’école d’Ephrem où il y a bon nombre de chrétiens. Pour la première fois en dix ans, ce fut une « vraie messe » et non pas une quelconque paraliturgie organisée par un pauvre frère pré vaticaniste ! Et ce fut merveilleux. Le tout fut rehaussé par la présence d’un bon petit groupe de musulmans, dont Woheb et Noorjahan-Lumière du-monde, la femme de Kamruddin, et Mukul et son épouse. Et un autre groupe hindouiste constitué surtout par nos ouvriers et l’entourage de plusieurs ONG. Enfin, Papou et Sukeshi représentaient les chrétiens et leur personnalité fit que plus personne ne doutât que la messe ne fut que pour mon seul plaisir ou celui de Marcus !

Tout le monde ensuite fut invité à descendre en procession les escaliers nouvellement refaits allant à la grande « Grotte chrétienne » qui allait abriter les trois statues que Sabitri de SHIS, Sukeshi d’ABC et Gopa amenèrent. Le Père plaça à l’intérieur Jésus en Sacré-Cœur, et en dessous, Marie et Joseph. Cet autel de la Sainte Famille fut inauguré à la grande joie de tous, car il est indéniable que la Sainte Famille est plus populaire que la Sainte Trinité ! Mais je me dus d’expliquer aux hindous que Marie n’est pas la femme de Jésus comme beaucoup le croient (influencés par les ‘shakti- parèdres’ des dieux), aux musulmans que la Trinité chrétienne n’est pas Dieu, Marie et Jésus, et aux chrétiens de ne pas oublier que Marie n’est pas plus importante que le Christ ou même qu’elle n’est pas une déesse ! J’ai personnellement horreur des statues et ne puis réellement prier en face d’elles, tellement la mystique hésychaste chrétienne, celle de l’advaita hindoue ou de l’Islam soufi m’ont à jamais rendu libres vis-à-vis des formes et des images, en faveur de la ‘Prière du cœur’.

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Mais cette Grotte vaut son besant (pesant) d’or, car c'est un don de Papou et de son organisation du « Foyer de l’Espoir’ qui, voulant m’offrir pour mes 40 ans en Inde ces trois statues, me demandèrent « où allez-vous donc les mettre ? » - « Nous essayerons l’an prochain de faire un petit oratoire chrétien pour elles, comme nous avons déjà un mini sanctuaire hindouiste et prévoyons aussi un ‘Watkia Hall musulman’ » Il me dit alors : « Et bien, nous construirons nous-mêmes une Grotte » Après l’accord de son Comité, en douze jours la Grotte fut bâtie, et les photos montrent que c’est une belle réussite. La nuit, illuminée, c’est même féérique. Les ouvriers offrirent gratuitement leurs services pour le bois et la peinture et le responsable récolta une bonne petite somme lui-même pour permettre à ABC de débourser le minimum ! Que d’émotion pour moi de voir tout ce dévouement !

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Après le repas, où le Père de la paroisse avoua sa joie d’avoir pour la première fois de sa vie prié avec des hindous et des musulmans, les sports reprirent leurs droits et ce fut avec enthousiasme que les gagnants montèrent sur le podium pour recevoir leurs prix. Pour être juste, je dois rajouter que ces deux merveilleuses journées nous furent permises grâce à l’envoi de fonds « pour le Noël des enfants» de la famille et des amis de Catherine Collomb de Lyon (qui étudia avec moi à l’école d’infirmières Rockefeller), par le don de la Grotte par ABC et par celui des milles gâteaux de Noël envoyés de Pilkhana par notre ami de toujours Mohammed Kamruddin. Plusieurs centaines d’enfants du village en bénéficièrent aussi comme le montre une photo. Comme quoi, où l’amour règne, les dons ne manquent pas ! Merci donc à tous et à toutes pour ce merveilleux Noël. Et le reste de l’argent envoyé sera utilisé pour la fête des enfants adibassis des briqueteries le 20 janvier…

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Mariage de la fille de GOPA

Extrait de la dernière chronique de Gaston

 

j’hésite même de vous parler du mariage de la fille de Gopa, Keka-cri-du-paon, puisque le mariage passe de plus en plus pour une chose surannée et inutile, sauf bien évidemment s’il concerne les homosexuels où là il devient un ‘must’. Ne me faites pas dire ce que je ne dis pas, car je suis d’avis de respecter les droits des homosexuels (tout comme ceux de nos eunuques ou transsexuels) sans pour cela leur demander de devenir des clones des droits des hétérosexuels ce qui deviendrait ridicules et se retournerait contre eux à la longue…

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Ainsi, Kéka, 23 ans, fille de Gopa et donc fille de Brahmane, se marie avec Subhankar- porte-bonheur, 26 ans, lui-même de basse-caste, bien que sa famille soit très riche et qu’il dirige un magasin ayant pignon sur rue le long de la route ICOD-Ulubéria. Maison luxueuse de deux étages et voiture dans le garage. Moi qui ne suis à l’aise que dans des huttes, me voilà servi. Pourtant, le dimanche où je suis allé donner la bénédiction’ au fiancé (ce qui tient lieu de fiançailles et sans la fille bien entendu), j’ai été reçu comme un membre de leur famille. De même lorsque je suis allé seul chercher le fiancé pour l’amener avec tout son groupe (le « Bhârat » que cela s’appelle depuis des temps immémoriaux, coutume même adoptée par les empereurs moghols !) je me suis senti chez mon propre jeune frère, la belle-famille se mettant en quatre pour me faire honneur. La belle-mère ne faisait que de me parler de « ma poupée » qui va venir. Bon c’était un bon présage. Et effectivement, tous les trois jours de festivité se sont déroulées dans la bonne humeur et la bonne entente, ce qui est particulièrement peu commun du côté des beaux parents qui trouvent toujours à redire sur l’organisation des cérémonies, de la qualité des cadeaux ou de la joaillerie, des vêtements ou des aliments.

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Ce fut un des plus beaux mariages auquel j’aie assisté. La mariée était rayonnante et souriante, (encore une fois ce qui n’arrive pas toujours quand les deux tourtereaux, comme en ces noces, ne se sont quasi-jamais rencontrés) ainsi que les deux familles. Mon devoir était de surveiller et d’aider le papa de Keka, malade mental mais à peu près en bon état ce soir-là, pour qu’il reste souriant. Dieu merci, il s’est parfaitement bien tenu ce qui m’a bien soulagé, car, au cas contraire, c’aurait été à moi de prendre sa place comme tuteur de la famille. Impossible d’ailleurs pour moi de m’asseoir à l’intérieur d’une cérémonie hindouiste. Aucune objection du côté du prêtre, mais si je puis et dois respecter les ‘idoles’, je ne peux quand même pas les adorer ! Donc, il m’aurait fallu trouver un double ce qui devient vraiment délicat.

Une foule immense à l’hôtel de la famille de la fille le premier jour : mariage de 23 heures à 3 heures du matin. Une nuit pleine de joies et de rires, où le futur marié est roi, avec en coulisses, les jeunes qui essayent de mieux se connaître, ce qui est quasi impossible dans les villages, et les parents qui se font, avec un art consommé qui me dépasse de cent coudées, des propositions de mariage pour leurs rejetons. Il serait amusant que je vous décrive le ton de ces conversations (qui provoquerait bien des ‘oh!’ et des ’ah!’) Mais je n'en n'ai vraiment pas le temps ! Puis départ du nouveau couple vers 8 heures pour la maison du jeune marié. Qui m’a pressé pour que je l’accompagne. Mais j’étais vraiment trop fatigué.

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Et le lendemain, c’est la fête de l’épousée où elle est seule reine, le jeune mari ne faisant que recevoir les invités. Qui sont encore plus nombreux que du côté de l’épouse. Et du huppé en plus ! Un orage subit avec tonnerre, éclairs et bourrasques risqua d’enlever toute la toiture temporaire. On n’avait jamais vu une tempête en hiver, et les invités arrivant après 22 heures furent trempés durant la longue marche pour atteindre la maison au fin fond d’un hameau. Adieu les adorables et gracieuses toilettes, et perdues les belles chevelures montées avec art et entremêlées de bijoux ! D’ailleurs, il y avait de l’or partout, ce qui probablement a contribué pour l’adjectif ‘adorable’ employé plus haut ! Les pensionnaires d’ICOD, arrivées très tôt, ont eu un grand succès comme demoiselles d’honneur de la mariée. Elles étaient dans leurs plus beaux atours, tous prêtés par Gopa qui en récoltent pour elles tout le long de l’année ! Leurs ornements étaient de pacotille, mais pas leurs visages ni leur grâce, et elles furent l’objet de beaucoup de louanges. Car si dans le beau monde, les bijoux surpassent souvent la beauté de celles qui les portent, dans les villages les jeunes filles sont souvent infiniment plus belles que leurs faux bijoux ! Elles m’ont suppliées de les prendre en photo et sont venus ce soir vérifier que j’avais tenu ma parole en les mettant sur cette chronique. Du coup, ce sont les petites qui ont boudés car elles n’ont pas été photographiées à part. Je n’ai malheureusement que des photos de la deuxième journée et pas du mariage même, car l’appareil d’ICOD était détraqué, un peu comme son propriétaire d’ailleurs !

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Bref, ce fut un beau mariage, et encore plus beau l’impression que nous donna la famille. ‘Bonasse’ pourrait-être le meilleur terme pour décrire le nouveau « beau-fils». Ainsi que sa famille, ventripotente à souhait – et même à excès – mais d’une bonté et simplicité à revendre. Nous avons été invités deux fois dans leur maisonnée et Subhankar est venu trois fois ici. Rieur, plein d’humours, débordant de bonne volonté, il embrasse tout le monde et m’étreignait comme si j’étais son frère aîné. D’ailleurs, même avant le mariage, quand j’avais été donné la bénédiction, il m’avait entouré de ses deux bras puissants et m’avait dit : « Mama-mon-oncle, j’ai peur, que faudra-t-il faire ? Aidez-moi…J’aime tant « Poupée » (surnom qu’ils ont donné à Kéka à cause de son aspect fragile) que je crains de ne pas savoir comment l’aider… » Désarmant…De l’avis de tous, il est le meilleur de nos 10 « beau-fils ». Mais il est le seul à venir d’une famille riche, et cela suffit pour faire la différence…en apparence ! En attendant, ‘Kéka’ est aux anges et visiblement pleinement amoureuse à tel point qu’elle a refusée de rester une nuit à ICOD comme ses beaux-parents le lui avaient suggéré. Elle a fait appeler son galant qui est arrivé illico sur sa moto pour l’emmener au beau pays des amoureux !

 

Quelques manifestations pour les 40 ans de Gaston en Inde

Extrait de la dernière chronique de Gaston

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Un jour, UBA, l’organisation de Kamruddin des « Frères Unis » et de sa femme les « Sœurs unies » m’invitèrent une journée pour m’offrir un splendide trophée à l’occasion de mes 40 ans en Inde. L’exagération étant le propre des indiens (donc, on sait de qui je tiens quand on m’accuse de grossir les faits !) on m’attribua littéralement la paternité de l’accroissement du niveau de vie dans tout le Bengale, et la multitude des filles présentes, la plupart musulmanes, prirent le relais pour dire combien leurs parents des slums leur avait parlé du temps où je soignais et guérissais à tour de bras à Pilkhana ! Il faut parfois savoir être tolérant sur les louanges pour mieux supporter les médisances qui ne manquent jamais d’arriver au moment où on s’y attend le moins…Le trophée est impressionnant, mais je leur en ai reproché le coût probablement aussi fabuleux, alors que cela m’est quand-même parfaitement inutile! Qu’en sera-t-il lorsque j’aurais 50 ans d’Inde ? En attendant, tous ces cadeaux sont cachés par Gopa dans une armoire, suivant en cela la tradition de Sukeshi et réapparaîtront sous forme d’exposition-souvenir après mon décès !!! Touchantes mais belles futilités quand-même !

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ABC m’a aussi invité pour sa « Journée de Fondation » J’ai été comme toujours touché par le sérieux de leur organisation. Tout y est impeccable, les bâtiments, le travail, les enfants, le personnel, et la réception comme les fêtes. Je suis toujours ému au tréfonds de moi-même de voir ces centaines d’IMC me sauter au cou et manifester leur joie de revoir leur « Dadou-grand-père » L’amitié ne m’a jamais fait défaut, mais avec eux, à cause de leur joie, de leur nombre et de leurs grands handicaps, tout déborde et c’est comme une vague d’émotion qui m’envahit. Les plus grandes filles ou gars datent de Bélari, donc parfois de plus de 15 ans en arrière, ce qui refait défiler le passé. ABC est toujours plein de projets originaux et neufs et se renouvelle toujours. La jeune femme de Papou vient de lancer une organisation appelée « Guérison » pour la prévention du Sida. Quelle bénédiction que cette ONG ABC!