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09/10/2013

Des nouvelles d'ABC

 

Récompense pour ABC

 

ABC a reçu a Delhi la médaille de la meilleure Organisation en Inde cette année pour les handicapés. La grande université de Jadavpur va dès l’an prochain envoyer ses étudiants diplômés en « éducation spécialisée pour les « differentially able - ceux qui sont différemment adaptés», physiquement ou intellectuellement – pour des cours pratiques de

perception de l’handicap.

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 Tout ABC fête la récompense reçue

Visite pour ABC

 

Cette semaine, 26 Sœurs et Frères de Mère Teresa (venant de quatre continents) vont recevoir leur diplôme et se sont trouvés à ABC absolument extasiés devant la qualité professionnelle du travail.

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Il faut dire que les « Missionnaires de la Charité » s’occupent peut-être de plusieurs centaines de milliers d’handicapés à travers le monde, et sans la moindre capacité professionnelle. Comme à ICOD ! Elles ont été à l’essentiel, en partant des égouts. On le leur a reproché. Mais elles et ils ont fait le devoir que personne d’autre n’a entreprit.

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Le temps du professionnalisme (mais avec amour) est arrivé…J’ai été fort heureux de découvrir par photos certains ‘vieux frères’ qui avaient été mes élèves quand je leur ai donné pendant 11 ans des cours médicaux de base. Ils avaient alors 16 ou 18 ans ! Le jeu de relais continue ! Encore bravo à ABC de passer le bâton !

 

Le triste sort de Soritda à Belari

Nous allons de temps à autre visiter notre grand frère Soritda-Rivière Sacrée à Belari. S’il y a un saint homme dans les parages, c’est lui. Et pourtant ! Cette semaine, il s’est mis à pleurer. Il ne peut plus sortir de son lit…car personne ne l’aide. Il n’utilise pas sa chaise roulante, car nul ne la pousse. Il mange ce qu’on lui donne, bien qu’il ne puisse pas le digérer. Il assiste passivement à ce qu’il appelle l’effondrement de son rêve, le centre de Bélari, son dispensaire ne recevant presque plus de malades, sauf le jeudi, lBelari_1.jpge jour des trois médecins. 

Les travailleurs ont pris l’option de faire tourner des dispensaires volants dans les villages les plus pauvres. Excellente initiative…s’ils se préoccupaient d’aimer les malades de leur coin et non pas de s’échapper. Or tous ces dizaines d’hommes et de femmes, nous les avons formé jeunes, Sorit, Sukeshi et moi. Mais ils ont été pratiquement abandonnés à eux-mêmes après le départ –forcé – de Sukeshi en 2002. Et ils sont devenus l’ombre d’eux-mêmes, à tel point que non seulement ils ne respectent plus leur vieux fondateur (83 ans) mais encore refusent de l’aider.

Il appelle régulièrement Gopa qu’il aime tout particulièrement…mais ils négligent de l’appeler. « Pour moi, assez, c’est assez, et c’est même trop ! » Evidemment, elle n’a aucun droit là-bas…pas plus que moi. Mais le mauvais esprit est devenu évident et il faut que ça change. Cela me crève le cœur de voir 27 ans de dévouement s’effondrer comme un château de cartes. Et les malades vont jusque chez Sukeshi à ABC pour se plaindre ! Quand elle était là, il y avait 250.000 malades par an au dispensaire. Il n’y en a certainement pas plus de 20.000. J’avais averti le président qui avait affirmé au maire du parti fondamentaliste : « On peut très bien se passer d’elle » en répondant : « Les gens continueront à venir parce qu’ils sont malades…mais ils ne reviendront plus ! » Ce qui est arrivé. Pour être juste, ils doivent traiter environ 250.000 malades également a l’extérieur dans douze dispensaires. Mais cela n’a aucune équivalence : On va à leur porte une fois par semaine et ils se présentent. A Belari, ils venaient de loin et même de fort loin, car ils savaient qu’ils seraient traités avec respect , avec compétence et avec amour, même s’il n’y avait pas de médecin. Pour mon vieux cœur, c’est le crépuscule des dieux !

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Mais en attendant, Papou et Sukeshi sont venus voir récemment Soritda pour lui confectionner des chaussures spéciales et un ‘walker’ pour l’aider à marcher. Mais si personne ne l’aide cela ne sert de rien. Incroyable situation d’un vieil homme célibataire qui a consacré toute sa vie aux autres et a vécu dans une pauvreté absolue en distribuant à tous son salaire de maitre d’école. Et de le voir pleurer me ramène à mon incroyable chance d’être aimé, alors qu’il le mérite encore plus que moi ! Et maintenant, il va me falloir intervenir, et ce ne sera pas une petite affaire car les partis politiques locaux défendront becs et oncles les « droits » des travailleurs (les malades, ils s’en balancent) et ne manqueront pas de venir manifester à ICOD : « Dada Murdabad!- A mort Dada ! » et même d’essayer de nous envahir et de faire de la casse, comme ils le font actuellement dans les  collèges de différentes institutions chrétiennes fameuses et même des célèbres moines de la Ramakrishna. Mais quand la justice est en jeu, on ne peut reculer ! De beaux jours en perspectives…peut-être !

En accord avec le pape François

En évoquant le Poverello, je ne peux oublier notre nouveau pape qui me semble être devenu la coqueluche des journaux indiens, alors qu’en quarante ans, personne n’avait jamais parlé de papauté sinon en négatif. Et mon cœur s’amollit comme un cierge qui brûle quand un de mes amis musulman ou hindou me dit : « Tu as vu, ton pape, il dit comme toi qu’il faut tout faire par amour, et que Dieu aime avant tout les pauvres » Et d’autres : « Tu avais raison, il dit qu’un chrétien doit avant tout vivre avec les pauvres, et pas dans les églises… »

Je ne tomberais pas dans l’excès de celui qui dit : « Je vous l’avais bien dit ! », mais j’avoue en toute franchise que mon cœur chantonne lorsque je lis qu’il nous invite à quitter les structures désuètes, à ne pas insister avant tout sur les dogmes, la morale et la discipline mais à tabler sur l’amour et même la tendresse. Moi qui ai toujours été considéré comme un franc-tireur suspect, un semi hérétique, un utopiste invétéré, me voici quelque peu réhabilité. Ce qui n’empêchera nullement les critiques de continuer de pleuvoir. Mais l’Amour est un bon parapluie et les intempéries font partie intégrante de ma vie. Il n’empêche, je n’ai jamais été si heureux, ‘ecclésiastiquement’ parlant… (quel mot barbare !)

Mais je crois fermement qu’il était largement temps dans l’Église de changer d’air, d’ère et d’aire ! Car on étouffait dans l’air canonique, on se croyait toujours dans l’ère médiocre du XIXe siècle, et on se sentait toujours soudé à l’aire européenne ! Libres, enfin libres !