25/06/2012
Difficultés budgétaires
Nous sommes très ennuyés à ICOD car nous sommes dans l’obligation de couper notre budget à cause des difficultés de nos donateurs.
Comme nous avons juste ce qu’il faut (mais assez quand-même) pour faire tourner nos 250 pensionnaires et 50 travailleurs, nous avons dû choisir d’arrêter d’aider les cas de détresses de l’extérieur (sauf les situations d’extrême nécessité) et les aides aux mariages (sauf d’orphelines). C’est ainsi que depuis la nouvelle année (14 avril) j’ai l’agréable devoir d’aller dix fois (ou plus) par jour au Pavillon d’accueil pour expliquer aux gens que nous ne pouvons plus les aider comme avant. Bien que nous ayons mis une grande affiche en Bengali, les gens n’y croient pas. Si Gopa y va, on lui dit : «on veut voir le grand-père » Si c’est moi qui y vais le premier, on me demande d’appeler la maman-secrétaire. Et c’est l’incrédulité. Il faut parfois passer vingt minutes à expliquer, consoler, laisser souhaiter de meilleurs jours dans quelques mois, mais cela passe toujours difficilement. Et on apprend par la suite que des gens se sont montrés absolument furieux quand ils sont sortis par le grand portail !
12:23 Publié dans 2 - Actions en Inde | Lien permanent | Commentaires (0)
Projet de collaboration avec "Hope-Esperance
« Hope-Espérance » est une ONG fondée il y a 13 ans à Kolkata par une irlandaise. Plusieurs pays européens (à Dublin, en Hollande, en Allemagne, voire au Groenland…) avaient aussi créé leurs propres Fondations.
Actuellement, Gita, la directrice, une irrésistible et dynamique bengali dans la quarantaine ultra qualifiée, nous avait rencontré brièvement lors de l’inauguration de notre sous-centre « Nouvelle Jeunesse » Elle est ensuite venue avec quatre membres de son comite à ICOD début mai où ils y sont tous tombés amoureux.
Amour pour amour, nous sommes allés leur rendre leur visite à plusieurs. Gopa, Mampi sa fille et Binoy son beau-fils spécialement tombèrent également amoureux de l’extraordinaire réseau de maisons, foyers et hôpitaux ultra-luxueux à travers Kolkata. Leur but principal est de réhabiliter les jeunes de la rue souffrant des séquelles de drogues, trafiques divers, pédophilie, prostitution, alcoolisme, violences conjugales, tabagisme des enfants, délinquances variées, absence de scolarité de tous ceux et celles qui sont ‘à risque’. Des dizaines de milliers de jeunes en profitent. Dans leurs foyers (des buildings de six étages !) chaque groupe a son étage, avec quatre à six petites chambrettes avec lits superposés pour six ou huit personnes. Délicatement décoré avec un goût sûr, cela apparait comme des petits paradis. Parmi leurs 550 travailleurs (sic), les responsables de chaque groupe, hautement qualifiés et apparemment réellement motivés, nous expliquent l’histoire de chacun/e. Ce qu’on retrouve à ICOD d’ailleurs.
Dans tous les coins, mini-centres d’apprentissage, de rééducation, jeux, ordinateurs, TV, bref, tout ce qui faut pour que tout ce petit monde des rues puisse retrouver goût à la vie. La seule chose qui semble leur manquer, c’est l’espace que nous avons à revendre à ICOD. Et la verdure, le contact avec la nature. C’est ce que à chaque groupe, Gita ne cessait de répéter : « Vous verrez, on ira en pique-nique à ICOD parce qu’ils ont tout ! » Quant au grand hôpital, tout est payant pour les riches, car il est en plein quartier huppé, mais ils n’accueillent dans leurs 30 lits de chirurgie que les gens déshérités trouvés dans la rue ou envoyés par les ONG. Notre long échange avec les chirurgiens nous a convaincu qu’ils pensaient la même chose que nous des hôpitaux gouvernementaux (« une honte ! ») et des cliniques privées qui champignonnent de partout (« Un scandale et des voleurs ! »
Gita et son Comité nous ont demandé ce qu’on en pensait « A part le luxe qui souvent vient de l’exigence des donateurs, vos foyers ruissellent d’amour et on sent sur le visage de chaque jeune la joie de vivre dans cet environnement qui les sécurise et prépare leur avenir, et dans les paroles de leurs responsables de groupes le dévouement visible. Nous ne pouvons que nous émerveiller de ce que nous avons vu aujourd’hui »
Réponse de la directrice Gita : « N’exagérons rien car nous avons trouvé la même chose chez vous » (Ce qui n’est pas exact car malheureusement nos responsables de groupes sont loin d’être à la hauteur, aucun/e n’ayant de formation particulière… Et de toute évidence, le chaume et le pisé font triste mine face au nec plus ultra de leurs Foyers somptueux.)
Bref, il en est immédiatement ressenti plusieurs choses importantes : « Nous voulons collaborer entre nous, car ce que vous faites en fait est de la prévention rurale. Au moins, tous ceux et celles dont vous vous occupez n’atterriront jamais dans les rues de Kolkata. Nous avons un budget de plus de un million de dollars grâce à de nombreux donateurs irlandais et d’ailleurs, et nous sommes prêts à vous aider pour des petits projets Tout d’abord, nous vous demandons d’accepter de prendre deux ou trois orphelines qui seraient mieux chez vous qu’ici. Ensuite, nous demandons à votre Binoy qui parait administrativement si bien qualifie de nous soumettre tous vos papiers pour acquérir la licence du gouvernement. Nous l’obtiendrons facilement pour vous. (Noet de Gaston : « Ouf !, enfin !) Nous prenons toutes vos broderies et saris brodés pour les vendre à nos ventes. Nous prenons en charge vos filles qui ont termines leur scolarité pour qu’elles continuent au collège. Nous vous proposerons un ou deux donateurs selon vos voeux. Nous aimerions beaucoup que la fille de Gopa, Mampi, travaille dans notre hôpital puisqu’elle est hautement qualifiée comme « Administration d’hôpital » Comme nous n’avons aucun salaire en dessous de 4000 roupies et que les qualifiés reçoivent 15.000 roupies au minimum, si c’est nécessaire, nous augmenterons les salaires de vos travailleurs. Enfin, nous organiserons des échanges et des pique-niques régulièrement car il nous semble important que Kolkata connaisse ce que vous faites. Vous nous avez tous inspirés, merci, et nous vous demandons d’accepter que nos liens se fassent par Gopa, car je n’ai jamais entendu qu’une femme rurale non-qualifiée puisse lancer avec succès une telle organisation… »
Et ce furent les embrassades de ces dames. Moi, comme toujours, je me retranche derrière les bénédictions qui déversent comme un écran d’encens sur tout le monde et m’évite de m’engager plus sur les détails ! Qui dira que Dieu n’est pas nécessaire ? Pour les hypocrites comme moi tout au moins !
12:22 Publié dans 2 - Actions en Inde | Lien permanent | Commentaires (0)
Problèmes de laïcité en Inde
Nous venons de fêter ce mois les soixante ans du Parlement indien. Comme l’a souligné un ministre, c’est le seul parlement démocratique du monde qui, depuis les indépendances coloniales, n’a jamais connu de coup d’état militaire ou de révolution. Une pierre blanche qui méritait d’être signalée. Mais il reste pas mal de ‘hic’. Par exemple, l’article 370 de notre Constitution stipule que l’Etat, étant fondamentalement séculier, doit protéger toutes les religion de façon égales et de ne dispenser des privilèges à aucune religion en particulier. De plus, il doit accorder la plus grande liberté à chacune d’entre elles pour la pratiquer, la propager sans violence et la préserver. Cependant, les politiciens ont parfois leur façon de détourner cet article. La Cour Suprême vient d’interdire le financement par le gouvernement du pèlerinage musulman du Hajj. Depuis quelques décennies en effet, pour éviter des frictions, les 700.000 pèlerins annuels indiens avaient le billet d’avion jusqu’à Djeddah gratuit et quelques autres privilèges, ce qui faisait hurler – et avec raison – l’extrême-droite, mettant les musulmans eux-mêmes mal a l’aise car de toute façon, seuls les riches pouvaient se payer ce long séjour à la Mecque. Les leaders musulmans ont ainsi applaudit cette décision. Qui arrive en même temps que l’octroi par notre populiste Mamata d’un salaire mensuel à tous les 30.000 imams (et autant de muezzins) des 28 millions de musulmans du Bengale pour obtenir leurs votes lors du renouvellement des communes et mairies. Les prêtres hindouistes, eux aussi pour la plupart extrêmement pauvres et souvent méprisés pour leur rapacité, ont immédiatement réclamés le même droit. On voit mal cependant les prêtres et pasteurs chrétiens, en général largement privilégiés, se réclamer du même droit. Si notre Ministre en chef se lance dans ce petit jeu classique anticonstitutionnel, c’est elle qui y perdra. Et la dignité des religions.
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