08/01/2012
TOUR D'HORIZON DE DIVERSES ONG
Cette chronique a maintenant onze ans. Durant toutes ces années, je n’ai guère parlé que de Bélari au début, et de ICOD depuis 2004. Ecrire sur les différentes autres ONG était une tâche d’autant plus impossible que, même si j’en avais été le cofondateur, je n’avais jamais été le responsable d’aucune d’entre-elles et que je ne pouvais donc pas parler en leur nom.
De plus, imaginez la longueur probable de chaque chronique ! Il fallait faire un choix, et j’ai fait celui du ‘au jour-le-jour’, tout simple si pas parfois simplet.
Je voudrais consacrer ce numéro de Noël à quelques unes de ces Organisations
Réunion des responsables des diverses ONG
Beaucoup ont été aidées par Seva Sangh Samiti de Pilkhana et financées par ASSS de Paris (Les amis de SSS), devenu au fil des 47 ans de leurs dons AVTM (Les Amis des villages du Tiers-Monde) aux tous débuts, du temps où sur le terrain, dans les slums ou les villages comme infirmier d’un dispensaire en création, je pouvais les aider à démarrer. Tous les acteurs de cette longue épopée ont commencés par un mini-projet, en créant un Comité interreligieux où Hindous, Chrétiens, Musulmans et Bouddhistes étaient à égalité. Peu à peu, chacun et chacune ont compris que leur propre religion devait les aider à mieux être au service des plus pauvres. Pour aboutir en ces quinze dernières années à une compréhension plus exacte de leur rôle transculturel, à savoir, accepter mutuellement les valeurs d’autres religions ou cultures et de leur offrir quelques unes des leurs en retour. Cette vingtaine de jeunes enthousiastes des débuts ont cru à la valeur du dévouement, de la compassion, de l’entraide et de l’amour , même quand je le leur proposais au nom des valeurs évangéliques qui sont les miennes. Ils/elles ont trente ou quarante ans de plus maintenant, mais gardent intacts ces mêmes certitudes.,. Et je puis également invoquer la Miséricorde d’Allah sur eux tous ou du Seigneur de la Gîta.
Toutes ces organisations, vu dans un ensemble, travaillent de façon holistique, c’est à dire en essayant de répondre le mieux possible aux besoins si multiples des déshérités. En fait, ce travail revient au gouvernement. Mais l’Inde d’après l’Indépendance était partie de si bas (pas une épingle n’était fabriquée dans le pays, toute son artisanat et son industrie domestique ayant été balayée par ses maitres blancs) avait déjà réalisé un miracle en sortant le pays de sa misère endémique, qu’après 60 ans, les nouveaux maitres, bruns cette fois-ci, ne se souciaient plus guère de ses masses délaissées. D’où l’importance irremplaçables des ONG privées. Certes, sur 3000 (puis 5000) au Bengale, seules deux ou trois cents recevaient des fonds de l’étranger ce qui est fort peu, les communistes n’étant pas très enthousiastes pour accepter de recevoir des fonds capitalistes ! Ni même les indiens en général depuis quinze ans.
Que nous réserve le futur ? C’est la même question que se posent des millions de ménages européens ou américains et il est fort curieux de constater qu’après tant d’années de disparités criantes la question de base est la même des deux côtés des océans! Mais le lendemain nous ayant toujours posé la même interrogation nous ne pouvons qu’y répondre avec confiance : « Demain s’occupera de lui-même » A nous de bien le préparer.
21:06 Publié dans 2 - Actions en Inde | Lien permanent | Commentaires (0)
UBA
« UBA-les frères et sœurs unis » du Dr Kamruddin (un croyant convaincu de l’Islam de 18 ans et très ouvert) est la plus ancienne, puisqu’elle date des années septante (ou soixante-dix si vous préférez). Il travailla tout d’abord avec moi dans la plupart des slums de Howrah, pour s’étendre petit à petit dans les campagnes. A dix kilomètres il fonda son imposant centre principal pour reloger 500 aborigènes vivant le long des routes et son groupe de garçons handicapés. Mais il favorisa toujours, sur mon conseil, les petites structures. Avec sa dynamique femme Noorjahan-Lumière du Monde, qui fonda la branche féminine U.S.A., ils entraînèrent à leur suite des dizaines d’hommes et femmes des trois religions.
Le Docteur KAMRUDDIN
Sa femme : NOORJAMAN
UBA de Mohammed Kamruddin en 2011 : 30 petits projets différents commencés à Pilkhana: trois cliniques homéopathiques avec 45.000 malades, du Planning familial pour 7500 familles, apprentissage de couture sur deux ans chaque année pour 200 jeunes filles des slums, surtout des toutes jeunes veuves. Chacune reçoit une machine à coudre à la fin de son stage… (et cela dure depuis trente ans !) ou un cadre en bois pour la broderie de fils d’or sur saris. Puis un centre avec trente garçons handicapés, un autre pour 35 ex-prostituées âgées, des aides pour les vieillards, pour l’étude de centaines de gosses, et bien plus encore. La branche féminine U.S.A. regroupe quarante femmes, des trois religions, mais la plupart musulmanes, pour quadriller les slums et visiter les familles pour détecter les cas de détresse. Un total de 60.000 bénéficiaires par an.
Réunion des apprentis
21:06 Publié dans 2 - Actions en Inde | Lien permanent | Commentaires (0)
SHIS
Dès 1981, mes amis Wohab (23 ans, musulman : « J’abandonne définitivement mon travail d’avocat ») et Sabitri (18 ans, hindoue : «Je ne me marierai jamais pour être au service des plus pauvres ») fondèrent SHIS à l’orée des Sundarbans. De l’échoppe de thé où je commençai les premiers soins avec la chrétienne aborigène Blandine, SHIS créa un complexe socio-médical avec un Collège médical, plusieurs hôpitaux. L’ONG devint une énorme organisation avec plus de mille travailleurs, essaimant dans 12 des 14 Districts du Bengale.
Depuis 30 ans que Wohab et Sabitri ont lancé SHIS, on compte les bénéficiaires par millions (sic). Simplement cette année probablement plus d’un million de personnes ont reçus une aide quelconque. Je me contenterai donc de citer en gros les principaux projets que font tourner ses plus de mille travailleurs, car ils sont trop nombreux pour être détaillés.
Wohab et Sabitri, fondateurs de SHIS
A Bangor tout d’abord se trouve un étonnant complexe de bâtiments : un Centre hospitalier multi spécialités (qui est Collège médical également) de plusieurs étages avec une trentaine de docteurs spécialistes, y compris la cardiologie, les maladies infectieuses, le cancer, la gynécologie, le diabète, le planning familial ou la prévention du Sida, avec tous les laboratoires de pathologie nécessaires et tous les derniers appareils d’examens médical. La grande spécialité cependant est la détection, prévention et éradication de la tuberculose. Des centaines de milliers de malades ont été suivis à domicile et guéris. La tuberculose a été définitivement éradiquée dans plus de 1500 villages. Wohab est même devenu consultant et membre Conseil National pour la tuberculose de New Delhi et est souvent invité à l’étranger pour des congrès ou des …médailles ! De nombreux docteurs viennent se former ici. Il y a aussi un hôpital ophtalmologique de pointe de 500 lits qui a réalisé entre autre, 20.000 opérations de cataracte, dans les villages ou les slums de Kolkata, les 2/3 gratuites. Un autre bâtiment abrite une école d’infirmières, de pathologistes et autres métiers paramédicaux. Un centre de culture de plantes médicinales et de fabrication moderne de médicaments ayurvédiques permet à de nombreuses femmes de gagner leur vie. La vente des médicaments va jusqu’en Corée du Sud ! Deux immenses écoles primaire et secondaire pour plusieurs milliers d’étudiants pauvres complètent cet impressionnant complexe.
Meeting de femmes en lutte contre les atrocités
Un centre pour 40 jeunes sourds et muets a été installé tout proche.
Dans les îles du delta des Sundarbans, quatre grands bateaux-dispensaires avec appareils de radiologie et laboratoires de pathologie apportent les soins dans les 54 îles habitées, la plupart coupées du monde tout le long de la grande réserve des tigres, biotope protégé par l’UNESCO, dont Wohab est officiellement ‘garde honoraire ‘. A partir de ces bateaux, 1464 dispensaires volants dans 180 villages, menés par trente docteurs et 200 paramédicaux ont soignés 80.000 malades cette année. Bien entendu, les vaccinations et le planning familial sont systématiques dans toutes les îles. Quatre maternités ont été mises en place depuis quelques années qui ont déjà vu des milliers d’accouchements sous contrôle médical.
Un des bateaux dispensaires du SHIS
Dans je crois 14 des 16 Districts du Bengale, y compris dans ceux au pied des Himalaya, des centaines d’autres projets socio-médicaux, d’éducation ou de développement rural ont vus le jour à travers les années. Un programme géant de microcrédit couvrant 33.300 femmes pauvres dans 2664 villages a offert 520 millions de roupies de prêts, remboursés à 97 %, ce qui a permis à des familles de survivre en lançant de petits commerces voire des entreprises qui leur apportent de quoi gagner modestement leur vie. 63.000 latrines et des milliers de puits tubés ont été réalisés, avec fabrication de filtres spéciaux pour tous les points d’eau potable empoisonnés par l’arsenic. Près de 7000 étangs proches de la mer ont été désalinisés. Des centaines de dispensaires reliés à 15 laboratoire de pathologie et de radiologie, et des unités de spécialistes de lutte contre la malaria, le choléra ou les épidémies donnent des soins à d’innombrables malades, y compris dans les dangereuses jungles infestées d’animaux sauvages proches du Bhoutan ou de l’Assam. A la demande de la police, une vingtaine de ressortissants de prison ont été réhabilités en leur offrant l’occasion de lancer des petites entreprises. Un seul cas de récidive à ma connaissance nous laisse mesurer le succès de cette tentative assez imprévue par ici.
Enfin, durant les calamités naturelles, les équipes de SHIS ont distribués des millions de matériel de première nécessité y compris nourriture, vêtements, tentes et médicaments. Ils ont travaillés durant de nombreuses inondations, cyclones, tsunamis (même au Tamil Nadu), épidémies, glissement de terrain, sécheresse, villages incendiés, famine dans les jardins de thé du Nord fermés par les syndicats ou le gouvernement, et emmenés en urgence dans les hôpitaux par ambulances ou hors-bords les victimes de piqûres de serpents venimeux, morsures de tigres ou panthères et maladies ou accidents divers. Un groupe d’intervention en cas de désastre est toujours en alerte. En plus de tout cela, SHIS a créé un réseau de formation de plusieurs dizaines d’ONG privées travaillant dans les deux Districts autour de Bangor. On comprendra qu’en face d’un tel nombre de projets, il me soit impossible de les détailler plus et de les quantifier. Il me faudrait étudier de nombreux rapports annuels et je n’en trouverai pas le temps.
19:33 Publié dans 2 - Actions en Inde | Lien permanent | Commentaires (0)