08/01/2012
BELARI ET ABC
En 1986, ce fut au tour de Sukhesi de démarrer le dispensaire de Bélari dans un centre fondé par le très pieux et vénérable moine laïc de la Ramakrishna Mission, Soritda-Rivière Sacrée.
Elle avait déjà dix ans d’expérience de travail infirmier avec moi dans son premier centre de Jhikhira créé pendants les grandes inondations de 1978. Chrétienne, elle arriva là avec son gosse de trois ans abandonné par son père juste après le mariage. Après avoir soigné un million cinq cent mille malades, elle fut expulsée manu militari par l’intolérance locale. Ce qui permit à son fils Papou, alors âgé de 18 ans, de reprendre son petit centre de 100 handicapés, de le transporter à Kathila à 25 kilomètres, et d’en faire, comme directeur, l’institution d’excellence pour infirmes la plus importante de tout le Bengale rural « Asha Bhavan Center-le Foyer de l’Espoir »
Soritda, Fondateur et Secrétaire de Belari
Le Centre médical de Bélari, appelé BPBS et fondé par Soritda et Sukeshi il y a 26 ans, vient ensuite. Avec son dispensaire principal soignant 81.000 malades, ses 19 cliniques volantes en suivant 163.000 autres, son centre antituberculeux (252 tuberculeux cette année dont 180 guéris), sa clinique ophtalmologique (244 opérations de cataracte) et dentaires (un célèbre arrache-dents que leur dentiste !), ses six écoles du soir organisées dès l’origine par six Comités de femmes dans des villages éloignés, son centre de physiothérapie (lancé conjointement par ICOD il y a quatre ans) suit chaque semaine 211 handicapés physiques et en aide des centaines d’autres dans les cliniques volantes). Enfin son centre permanent pour cent jeunes aborigènes des briqueteries pris en charge de façon permanente avec des professeurs enseignant en Hindi.
Au total, Bélari soigne 250.000 malades et a des centaines d’autres bénéficiaires. Quand Sukeshi est partie en 2001, elle avait déjà soigné plus de un million deux cent mille malades !
ABC :Papou, Directeur, fils de Sukeshi, secrétaire fondatrice (ici avec Gopa)
Issu de Bélari, ABC, le Foyer de l’Espoir d’Ulubéria, fondé en 1995 par Sukhesi également mais organisé de main de maître en 1999 par son jeune fils Papou, qui n’a pas encore 28 ans aujourd’hui et en est le directeur : avec l’aide de 240 travailleurs, la plupart spécialisés, ABC est devenu le plus important centre du Bengale rural pour handicapés physiques. Ce centre ultramoderne et même d’avant-garde comprend : un foyer pour 308 enfants infirmes résidents (172 IMC, 30 sourds-muets, des quadriplégiques, des polios, 60 enfants à la fois infirmes physiquement et mentaux profonds ainsi que quelques orphelins) Pour les réhabiliter, un atelier de pointe de fabrication d’orthèses et de prothèses qui en a fabriqué 877 cette année. Sans compter les chaises roulantes, tricycles et autres béquilles. Tous ces enfants, dont ABC a toujours eu quelque peine à scolariser, car les préjugés sont grands, vont à partir de janvier être éduqués dans une école spécialisée, un grand bâtiment de quatre étages inauguré ce mois, dont les pentes spiralées permettent à toutes les chaises roulantes d’accéder à toutes les classes de I à VIII, et à tous les ateliers de formation (peinture, chandelles, papier mâché, couture, art, poterie et même mode ( !) etc.) et ce jusqu’au sommet. De plus, une école de physiothérapie forme depuis plus de 12 ans avec l’aide de volontaires de «Physiothérapeutes du Monde » de France, des dizaines de physios pour la réhabilitation quotidienne de ces gosses et de ceux des sous-centres ruraux.
ABC a aussi créé une chaîne d’écoles (reconnues par le gouvernement)dans six Districts pour 1821 écoliers dont environ 200 handicapés.
De plus, un Foyer spécialisé pour 60 femmes malades mentales a été créé, en soignant aussi 966 autres dans sa clinique publique. Enfin, trois autres projets financé par d’autres donateurs, notamment AVTM de Paris, complètent le tableau : un dispensaire qui a vu 17.000 malades en 2011, un projet de lutte contre la malnutrition pour 332 enfants malnutris, le suivi de centaines de familles, enfin l’enseignement sanitaire, hygiénique et médical pour plus de 8000 familles des slums de Howrah, y compris la nutrition, les vaccinations et immunisations, les hospitalisations, les apprentissages divers etc. De plus, ABC a participé avec efficacité aux services d’urgences de plusieurs inondations dans nos trois Districts proches (d’autant plus que plusieurs de ses écoles ont été construites sciemment dans des lieux dangereux).
Sa plus remarquable réalisation rurale a été le relogement de centaines de sinistrés aux îles Andamans et Nicobar après le tsunami et au Bihâr après les catastrophiques inondations d’il y a quatre ans. Bien qu’on ne puisse comparer des simples soins aux malades avec la réhabilitation si capitale pour leur avenir d’handicapés, on peut dire qu'au total, ABC a aidé 45.000 personnes, dont 18.000 handicapés en 2011.
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CIPODA
En 1995, avec trois hindous, trois musulmans et trois chrétiens dont les responsables Kamruddin, Wohab, Sukeshi, Soritda et quelques autres, nous avons fondé le CIPODA, Centre interreligieux de regroupements d’organisations de développement. Je n’en suis, comme pour toutes les autres ONG, que le conseiller socio-spirituel.
Comité directeur du CIPODA (Gopa, Sabitri, Wohab, Papou, Gaston, Shyamul, Kamruddin
Il a rapidement regroupé des centaines d’ONG (plus de 600 l’an dernier), dans la plupart des Districts du Bengale. Près de 300 d’entre elles ont reçus une aide concrète pécuniaire pour développer leurs petites organisations ou clubs à la condition que leurs comités comprennent des membres des trois religions et des femmes. Durant plusieurs années, sous l’énergique direction du Dr Kamruddin, ce fut un réel succès. Nous pûmes organisés des Séminaires interreligieux dans plusieurs villes avec des centaines de participants expliquant comment leur foi les poussait à aider les plus pauvres. On nous appelait de partout. Ma santé souvent m’empêchait d’y participer ce qui provoquait la grogne. Car de nombreux responsables religieux tenaient à rencontrer ce qu’ils n’avaient jamais encore vu : un chrétien dialoguant avec tous. Puis la taille et la vitesse d’accroissement nous obligèrent à freiner l’élan. Ce qui produisit mécontentement et jalousies : « Pourquoi telle ONG et pas telle autre ? Pourquoi plus dans tel District et pas dans le mien ? Pourquoi pour tant de musulmans et si peu de chrétiens ? Pourquoi cette ONG bidon et pas la nôtre ? Bref, des tensions diverses en parallèle aux difficultés de financement nous ont obligés peu à peu à terminer l’expérience cette année, à ma grande tristesse. Un nouveau Comité vient de se former, pour continuer les séminaires, mais sans demande d’argent. On verra ce que cela donnera. Mais cette expérience était ma grande espérance.
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ICOD
Et finalement, tous les fondateurs et responsables de ces organisation convinrent ensemble qu’il fallait renouveler notre vue du développement durable, et me poussèrent à fonder ICOD à 20 km d’Ulubéria et quatre de Bélari.
Notre plus petite ONG, ICOD a été pensée en 1995 et est née en 2004. Inutile de s’étendre sur celle dont cette chronique parle sans cesse depuis sept ans. Avec ses deux cents pensionnaires des deux sexes (orphelins, handicapés physiques, mentaux, sourds, muets, aveugles, nouveau-nés, vieillards, tous peu ou prou abandonnés) et ses 7000 bénéficiaires en détresse, inutile de la comparer avec les autres. Volontairement, tous les responsables des six ONG qui l’ont proposée se sont écartés des sentiers battus. Il nous fallait passer des structures pour personnes déshéritées aux personnes elles-mêmes dont nul ne s’occupait. Ce n’était qu’une option pour nous. Pas une indication pour tous. Mais quand-même un rappel aux priorités absolues qui sont le développement pour les individus nécessiteux. Et puis, importance du nécessaire dialogue entre les religions, de travailler à l’intérieur de sa (ou ses) cultures, de réflexion étho-biologique, de chercher à établir de nouvelles relations entre hommes et femmes, êtres humains et nature, animaux et plantes, par l’harmonie avec toute la création visant à une cosmovision universelle précédée par une fondamentale fraternité planétaire. Et pour les croyants que sont la plupart des indiens, le rapport crucial avec la Réalité Ultime quel que soit le Nom que chacun/e lui donne.
Danses d'authentiques aborigènes des jungles de Birbhum
ICOD n’en n’est qu’à ses débuts, cherche sa voie, hésite beaucoup et manque de têtes pensantes. Mais les lendemains sont prometteurs, même si on ne les voit pas encore chanter !
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