Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/01/2012

DECEMBRE A L'ICOD

Noel s’est trouvée au milieu d’une vague de froid débutée fin novembre qui a fait de nombreux morts surtout dans le Nord. J’en ai été indirectement une des victimes car sauf une semaine, j’ai passé tout décembre alité, avec l’oxygène à portée. Rien que bien banal pour moi, mais toujours source de soucis infinis pour ceux et celles qui me soignent en se demandant si cette fois, le cœur ne va pas faire des siennes (seulement une fois en fait) ou l’hernie abdominale s’aggravée (deux alertes) ou …etc. Depuis le 29 décembre, je me lève et puis aller jusque chez les vieillards.

Et voici une année assez tumultueuse mais belle qui se termine. Que nous amènera 2012 ? Joie et amour certainement. C’est ce que je vous souhaite.

 

Les dix premiers jours du mois furent très animés :

 

Naissance d’un petit garçon à notre musulmane Jahanara, donc, nouvel arrière petit-fils. On m’a demandé de lui donner un nom : Ibrahim-Abraham, car ce prophète est dans le Coran, la Torah et l’Evangile où il est considéré comme le Père des croyants. Il est maintenant enregistré comme tel.

 

Renvoi du jugement final qui devait avoir lieu ce trois décembre concernant l’accusation de vente de bébés. La partie adverse étant absente, notre secrétaire a attendu cinq heures aux assises pour s’entendre dire que tout est renvoyé ad patres. C’est d’autant plus choquant que les audiences durent depuis plus d’un an, angoissent inutilement, et coûtent les yeux de la tête pour prévenir les avocats (étrangement des deux parties !) de plaider contre nous. 

 

Visite dans une clinique de Kolkata pour voir pour la dernière fois notre ancien député local et ministre marxiste du Front de gauche, Robin Ghosh. Réduit à l’état de squelette après 18 mois de coma dépassé (il semblait sortir de Dachau !) il mourut le lendemain. Son neveu affirma qu’il n’attendait que notre passage pour partir, car durant toutes les semaines précédant son admission l’an dernier, il disait ne vraiment plus compter que sur ICOD, spécialement Gopa, de la même caste que lui. Son corps fut mis dans une voiture mortuaire vitrée qui fit le tour des 125.000 habitants de sa circonscription. Les leaders de son Parti acceptèrent que son corps s’arrêtât à ICOD. Il faisait déjà nuit, mais l’impressionnante escorte des phares de 150 jeunes en moto rendirent sa rencontre quelque peu irréelle. Nous pûmes lui passer des guirlandes pour le remercier non seulement de sa confiance envers nous, mais encore pour la simplicité de sa vie durant les quarante ans qu’il fut député et qui se consacra, je pense, authentiquement, au bien-être des plus paumés.

Décembre Robin.jpg

Robin GHOSN

Quoique pour les marxistes, le but avoué soit toujours de ramasser le plus de voix pour les élections (tout comme pour beaucoup de prêtres, le but soit héla souvent de faire le plus de conversions possible, ce qui pourtant n’a jamais été la fin de Jésus-Christ lui qui guérissait les malades et les renvoyait dans leurs villages.) Le but de toute action, nous enseigne également la Bhagavad Gîta, est d’être amour totalement désintéressé, ce que si peu de marxistes ou de croyants réalisent. Mais quand Robin Ghosh devint ministre et me prêtait sa voiture ou venait rencontrer nos orphelines, c’était sans arrière-pensée car il savait fort bien que, apolitiques, cela ne lui rapporterait rien. Ce que lui reprochaient bien ses lieutenants ! De même, en nous permettant d’hospitaliser à Ulubéria tous les cas que nous lui présentions, où attribuant de même 20.000 roupies pour des opérations cardiaques ou greffes de rein, il faisait ce que rarement font les ministres : aider ceux qui ont vraiment besoin d’être aidés. J’ai beaucoup apprécié aussi dans le cortège la présence de notre nouveau Député, pourtant du Parti populiste de Mamata, qui l’avait fait tomber lors des élections. Dans la nuit noire, il me chercha et, me tapant sur l’épaule, me remercia pour la présence de tous nos pensionnaires. Un vraiment beau geste désintéressé lui aussi. Comme quoi tout n’est pas pourri et l’espérance peut demeurer.

DEUX DRAMES

Dans le même temps un drame immense défrayait Kolkata : la mort de 96 malades dans l’incendie d’un ‘super hôpital ultramoderne de six étages au centre de la métropole, avec beaucoup d’autres gravement blessés. Une fois de plus est ressorti le mépris absolu des normes de sécurité et la corruption des officiels chargés de délivrer les certificats de ‘Tout est en ordre’ alors

que rien ne l’était . Une chance inouïe pour la population avoisinante (des millions de gens au cœur de la mégapole!) que le sous-sol où était stocké tout le matériel nucléaire n’ait pas été touchée.

Inévitablement – heureusement – une série infinie de négligence et de corruptions concernant les règles de sécurité et le statut administratif de l’hôpital fut découverte. Le scandale fut énorme. L’opinion publique indignée. Six des sept directeurs furent arrêtés ainsi que d’autres responsables. L’irresponsabilité rejaillit sur la police, les pompiers et les départements qui avaient donnés et renouvelés les permis…Les enquêtes et punitions continuent.

 

Trois jours plus tard, dans une petite ville à 50 km d’ici, 176 morts ayant consommés de l’alcool frelaté. Mais là, la bagarre est politique, car les communistes tout comme le parti au pouvoir (et la police qui touchait ses dividendes pour fermer les yeux) sont touchés. Toutes les veuves (des pauvres) reçoivent le même compensation que les familles (riches) des victimes de la tragédie de l’hôpital : 200.000 roupies (plus de 3000 €) Pour une fois, il y a égalité dans le malheur…Mais que de drames humains en perspective ! Et nos amis Dalits (intouchables) qui se saoulent plus qu’à leur tour de commenter : « Et bien au moins si on meurt, nos femmes toucheront plus d’argent qu’on ne pourrait jamais en gagner !».

TOUR D'HORIZON DE DIVERSES ONG

Cette chronique a maintenant onze ans. Durant toutes ces années, je n’ai guère parlé que de Bélari au début, et de ICOD depuis 2004. Ecrire sur les différentes autres ONG était une tâche d’autant plus impossible que, même si j’en avais été le cofondateur, je n’avais jamais été le responsable d’aucune d’entre-elles et que je ne pouvais donc pas parler en leur nom.

De plus, imaginez la longueur probable de chaque chronique ! Il fallait faire un choix, et j’ai fait celui du ‘au jour-le-jour’, tout simple si pas parfois simplet.

Je voudrais consacrer ce numéro de Noël à quelques unes de ces Organisations

Tour Horizon.jpg

Réunion des responsables des diverses ONG

Beaucoup ont été aidées par Seva Sangh Samiti de Pilkhana et financées par ASSS de Paris (Les amis de SSS), devenu au fil des 47 ans de leurs dons AVTM (Les Amis des villages du Tiers-Monde) aux tous débuts, du temps où sur le terrain, dans les slums ou les villages comme infirmier d’un dispensaire en création, je pouvais les aider à démarrer. Tous les acteurs de cette longue épopée ont commencés par un mini-projet, en créant un Comité interreligieux où Hindous, Chrétiens, Musulmans et Bouddhistes étaient à égalité. Peu à peu, chacun et chacune ont compris que leur propre religion devait les aider à mieux être au service des plus pauvres. Pour aboutir en ces quinze dernières années à une compréhension plus exacte de leur rôle transculturel, à savoir, accepter mutuellement les valeurs d’autres religions ou cultures et de leur offrir quelques unes des leurs en retour. Cette vingtaine de jeunes enthousiastes des débuts ont cru à la valeur du dévouement, de la compassion, de l’entraide et de l’amour , même quand je le leur proposais au nom des valeurs évangéliques qui sont les miennes. Ils/elles ont trente ou quarante ans de plus maintenant, mais gardent intacts ces mêmes certitudes.,. Et je puis également invoquer la Miséricorde d’Allah sur eux tous ou du Seigneur de la Gîta.

Toutes ces organisations, vu dans un ensemble, travaillent de façon holistique, c’est à dire en essayant de répondre le mieux possible aux besoins si multiples des déshérités. En fait, ce travail revient au gouvernement. Mais l’Inde d’après l’Indépendance était partie de si bas (pas une épingle n’était fabriquée dans le pays, toute son artisanat et son industrie domestique ayant été balayée par ses maitres blancs) avait déjà réalisé un miracle en sortant le pays de sa misère endémique, qu’après 60 ans, les nouveaux maitres, bruns cette fois-ci, ne se souciaient plus guère de ses masses délaissées. D’où l’importance irremplaçables des ONG privées. Certes, sur 3000 (puis 5000) au Bengale, seules deux ou trois cents recevaient des fonds de l’étranger ce qui est fort peu, les communistes n’étant pas très enthousiastes pour accepter de recevoir des fonds capitalistes ! Ni même les indiens en général depuis quinze ans.

Que nous réserve le futur ? C’est la même question que se posent des millions de ménages européens ou américains et il est fort curieux de constater qu’après tant d’années de disparités criantes la question de base est la même des deux côtés des océans! Mais le lendemain nous ayant toujours posé la même interrogation nous ne pouvons qu’y répondre avec confiance : « Demain s’occupera de lui-même » A nous de bien le préparer.